Actes 15, 1-29 ; Psaume 66 ; Apocalypse 21, 10-23 ; Jean 14, 23-29
Le Ressuscité donne sa paix, à chacun de nous, à son Eglise, et au monde. « C’est la paix que je vous donne… » (Evangile). Y pensons-nous suffisamment ? Savons-nous accueillir cette paix ? En Eglise, par exemple, lorsqu’il s’agit d’arbitrer des conflits ou de réfléchir à des questions de fond… Dès l’origine, l’Eglise a eu à se réunir en « concile » pour résoudre telle ou telle question pastorale (1ère lecture). La paix, savons-nous la demander ensemble, prier ? (psaume). A l’approche de la Pentecôte, demandons l’Esprit de paix et de joie promis par Jésus
Dans ce passage des actes des apôtres, nous assistons au premier Concile de l'Eglise. Il marque un tournant dans l'histoire de l'Eglise naissante: c'est l'ouverture aux païens; désormais, le salut est proposé à tous sans distinction. Dans ce récit des Actes des Apôtres, saint Luc nous fait comprendre que l'Eglise n'est pas envoyée pour annoncer une loi ou une morale ni pour imposer des coutumes. Bien sûr, la loi et la morale seront toujours nécessaires. Mais elles ne peuvent suffire à nous sauver. C'est par la foi au Christ et dans une relation confiante avec lui que nous obtiendrons notre Salut. Lui seul est notre chemin, notre Vérité et notre vie. C'est donc lui que nous devons suivre et écouter.
Nous n'avons pas à imposer aux autres d'être comme nous. Nous devons les respecter dans leur cheminement, leurs différences. L'essentiel n'est pas de revenir à une tradition qui était bonne autrefois : nous avons bien mieux à faire ; un chrétien c'est quelqu'un qui a mis sa foi et sa confiance en Jésus et qui s'est engagé à continuer son travail dans le monde. Nous pouvons être des signes de l'amour de Dieu par toute notre vie, nos paroles, nos actes, tout ce que nous faisons pour les autres, en particulier pour les plus pauvres. C'est en nous efforçant d'aimer comme Jésus et avec lui que nous révèlerons quelque chose du vrai visage de Dieu.
Bien des architectes ont dessiné la ville idéale. Saint Jean décrit la cité que Dieu nous prépare: elle n'a ni Eglise, ni cathédrale, mais elle représente ce Royaume où nous serons tous, autour du Christ, illuminés de la gloire de Dieu. Là, plus de Temple : le Temple c’est le Seigneur, c’est l’Agneau ! Tout s’accomplit dans l’indéfectible lien entre Dieu et l’Agneau !
Au cours du dernier repas pris avec ses disciples, le soir du jeudi-saint, Jésus annonçait tout ce qu’il nous offre, pour la suite des siècles, en chaque célébration : sa présence, qui est son Esprit. Au cours de cette nuit qui précède son arrestation, Jésus s’entretient longuement avec ses disciples. Le temps est au testament. Les mots sont denses et ont plus de poids que jamais. « Celui qui m’aime restera fidèle à ma parole. » Fidélité et amour sont intimement liés, comme si l’amour était le lieu même de la naissance de la fidélité. De fait, la fidélité n’a jamais fini de s’inventer. Celles et ceux qui s’engagent aujourd’hui le savent bien. Elle est à naître chaque jour. Le temps est aux adieux. Jésus va partir. Il s’enfonce dans la mort tout en ouvrant grand la brèche à l’avenir. « L’Esprit vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Ni la vie ni les paroles de Jésus ne sont vaines ou perdues.
Celui qui a avant tout été le témoin et l’envoyé du Père ne cesse de redire que sa parole vient du Père. Le temps est aux adieux, mais la tristesse n’est pas de mise pour celles et ceux qui ont compris et accueilli cette brèche ouverte à l’avenir. « Ne soyez pas bouleversés et effrayés ! » Jésus s’efface comme pour devenir ce qu’il a toujours dit être : le chemin ! L’aimer et être fidèle à sa parole, c’est pour chacun et chacune de nous choisir, avec l’étonnante liberté qui est la nôtre, de lui emboîter le pas. Jésus part en nous laissant cette puissante invitation à prendre la route qu’il a passé sa vie entière à indiquer : un chemin vers le Père. Le temps est aux adieux, mais le chemin de l’avenir est tracé et grand ouvert. Un chemin qui passe par la nécessaire écoute de la Parole et la fidélité créatrice à son message. Ce n’est qu’à ce prix-là que la Parole devient pour chacun source d’eau vive, et Bonne Nouvelle.
Dieu notre Père, au moment de son départ vers toi, ton Fils Jésus a rappelé à ses disciples le commandement de l'amour. Puisque nous sommes réunis en ton Nom, nous te prions encore; viens établir chez nous ta demeure, donne-nous l'Esprit qui nous fera nous souvenir de toutes les paroles de ton Fils, lui qui est vivant avec toi et le Saint-Esprit maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
Père Bernard Dourwe, Rcj.