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11 mars 2022 5 11 /03 /mars /2022 19:52

Genèse 15, 5-18 ; Ps 26 ; Philippiens 3, 17-4,1 ; Luc 9, 28-36

Nous quittons le désert de dimanche dernier pour entrevoir déjà la lumière. En effet, il est beaucoup question de « lumière » aujourd’hui. C’est d’abord l’invitation adressée à Abraham (1ère lecture) et à nous tous de regarder le ciel pour compter les étoiles : ne sont-elles pas signes d’espérance dans nos nuits ? Cette lumière, c’est la promesse du Seigneur, c’est le salut, c’est le Seigneur lui-même (psaume) et le « ciel » où il nous attend (2ème lecture). Pierre, Jean et Jacques en ont déjà fait l’expérience (Evangile), au point de vouloir demeurer sur la montagne auprès du Christ-Lumière. Mais il faut encore poursuivre le chemin.

Aux sources de notre histoire, il y a l'initiative de Dieu et la confiance d'un homme: Abraham. Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu'il était juste. C’est aussi l’histoire de notre foi, car aujourd’hui encore, Dieu nous tend la main parce que fidèle à sa promesse, il ne saurait nous tromper. Il repend sur nous sa bénédiction par son Fils Jésus-Christ qui s’est livré pour notre salut.

L’espérance chrétienne nous tourne vers l’avenir. Dieu nous a déjà beaucoup donné, mais il fera encore mieux, au fur et à mesure que nous progresserons sur le chemin de la résurrection avec Jésus. Pour ce fait Saint Paul nous invite à ne pas céder à la tentation de rejeter la croix du Christ et à la fascination des choses terrestres pour ne pas nous perdre. Nous devons plutôt tenir bon dans les combats quotidiens en ayant en conscience que nous sommes citoyens des cieux et que notre récompense sera grande lorsque le Christ Jésus se manifestera à nous.

Au premier dimanche de Carême, la liturgie nous conduisait avec Jésus dans le désert, lieu traditionnel de la mise à l’épreuve. Aujourd’hui, elle nous invite à le suivre sur la montagne, lieu traditionnel de la révélation. Révélation de sa divinité à trois disciples privilégiés, dans une perception fugitive qui leur permettra d’assumer l’épreuve de la Passion et la défiguration de celui « dont l’apparence n’était plus celle d’un homme » (Is 52, 14). Quant à Jésus, son rapport aux Écritures d’Israël mérite attention. Nous le voyons y recourir comme à une arme contre Satan dans le désert et, sur la montagne, y puiser la force d’assumer sa mission jusqu’au bout. De fait, c’est bien avec Moïse, symbole de la Loi, et avec Élie, représentant les Prophètes, qu’il s’entretient de son « départ qui allait se réaliser à Jérusalem ».

Un dialogue vécu dans une prière que Luc est le seul à mentionner. C’est bien à une telle confrontation priante avec les Écritures, sous la conduite du Christ, que les disciples sont conviés : « Celui-ci est mon Fils […], écoutez-le. » Car c’est dans cette confrontation qu’ils pourront reconnaître le Ressuscité et saisir toute la portée de l’événement pascal (Lc 24, 11-42). Or, si l’écoute du Fils a été directe pour les premiers disciples, la nôtre passe par la médiation de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, lus, non pas selon la lettre, mais selon l’Esprit. Cet Esprit qui ne cesse de susciter des interprétations toujours nouvelles dont la grande tradition de l’Église nous offre les trésors, entre autres, dans les écrits des saints et des mystiques de tous les temps. À nous de savoir nous en nourrir pour enrichir notre approche personnelle et entrer plus avant dans le mystère.

Pendant ce carême, dans la suite de ce que nous avons commencé la semaine dernière, prenons le temps de regarder le Christ à l'œuvre en nous, dans le cœur des autres et dans notre monde.  Car chacun porte en soi quelque chose de la beauté de Jésus transfiguré.  La résurrection est marquée au cœur de nos vies, de l'Église, du monde.  Regardons et admirons cela.  Utilisons les trois moyens tout simples que sont : la prière, pour un cœur à cœur avec Dieu ; la parole de Dieu, pour avoir le regard même de Dieu sur ce qui se vit aujourd'hui; les frères chrétiens, pour partager ce que nous vivons et voyons.

 

Seigneur notre Dieu, avant de prendre les traits du serviteur défiguré par l'humiliation et la souffrance, ton Fils dévoile la splendeur rayonnante de son visage de Ressuscité. Nous t'en prions: redonne beauté et clarté à nos vies si souvent ternies par le mal et la souffrance. A toi, Dieu de gloire et de lumière, notre louange aux siècles des siècles. Amen!

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 21:50

PREMIER DIMANCHE DE CAREME C

 

Deutéronome 26, 4-10;  Ps 90 ; Romains 10, 8-13;  Luc 4, 1-13

Nous célébrons le premier dimanche du carême C. Débuté mercredi dernier avec l’imposition des cendres, le carême est le temps par excellence de la conversion. Durant quarante jours les chrétiens sont appelés à faire l’expérience de la rencontre avec le Seigneur qui nous conduit au désert pour écouter Dieu nous parler et faire l’expérience de la conversion véritable en lui redonnant toute sa place dans nos vies. Le Pape François nous invite à vivre ce carême 2022 sous le thème « Ne nous lassons pas de faire le bien, car, le moment venu, nous récolterons, si nous ne perdons pas courage. Ainsi donc, lorsque nous en avons l’occasion, travaillons au bien de tous » (Gal 6, 9-10a). Le Pape invite à semer le bien pour participer à la magnanimité de Dieu, car «le fruit accompli de notre vie et de nos actions est le ‘fruit pour la vie éternelle’». En ce temps de pandémie, le Saint-Père encourage à placer sa foi dans le Seigneur et, trouvant appui dans sa grâce, à renoncer au mal et à prendre le temps de pratiquer l’aumône avec joie.

Nous sommes donc appelés à préparer la Pâque, évènement fondamental de notre salut en disposant nos cœurs à la prière, à l’aumône et à la pénitence en revenant au Seigneur de tout notre cœur et de toute notre vie. Ce mystère de salut, déjà à l’œuvre en nous en cette vie terrestre, se présente comme un processus dynamique qui embrasse également l’Histoire et la création tout entière.

Temps du Carême, temps du désert, de l’épreuve et du choix en ce dimanche, c’est bien cette première étape que l’Ecriture marque en nos cœurs. Après l’invitation entendue mercredi, voici le moment de nous décider pour ou contre le Seigneur : pour ce faire, le peuple d’Israël fait mémoire de sa libération d’Egypte (1ère lecture). Et Saint Paul rappelle que la foi en Jésus ressuscité est la condition de notre salut (2ème lecture). Mais Jésus lui-même a connu, au désert, l’épreuve de la tentation (Evangile). Son exemple nous montre que l’essentiel est la fidélité à Dieu, sans condition : seul ce choix, au nom de son amour, conduit à la vie.

L’amour se nourrit de souvenirs, de tout ce que l'on doit à l'autre depuis la première rencontre. Ainsi, dans le culte, Israël se rappelle l'histoire de l'amour de Dieu. Dieu dans son grand amour l’a choisi, l’a appelé à commencer une nouvelle histoire avec lui. Au cours de cette histoire, Israël va faire l’expérience de l’immigration en Egypte. Là-bas, il sera réduit en esclave. Après avoir crié vers Dieu, il sera prodigieusement libéré de la main de l’oppresseur pour parvenir par la suite à la terre promise. Comme Israël, le carême est la période par excellence pour nous  arrêter afin de revisiter notre amour avec Dieu, à travers un retour spirituel dans le désert de notre vie. Dieu nous invite à prendre conscience de son amour qui est de toujours envers nous bien au-delà de nos fragilités et infidélités. Cette prise de conscience de l’amour incommensurable de Dieu doit déboucher à une action de grâce.

Aux racines de son histoire, Israël découvrait un Dieu Sauveur. Aux racines de la foi chrétienne, il y a Jésus, par qui tout être humain est sauvé, sans discrimination nous dit saint Paul dans sa lettre aux Romains. Tous nous sommes donc invités à croire en lui afin que nous ayons le salut car « Celui qui croit du fond de son cœur devient juste; celui qui, de sa bouche, affirme sa foi, parvient au salut. »

Saint Luc dans l’Evangile nous conduit avec Jésus au désert pour vivre l’épreuve des tentations. Après quarante jours de jeûnes et de prière, Jésus est tenté par le démon. Les trois tentations dans le désert représentent toutes les sollicitations qui risquent de nous détourner de Dieu et du chemin de Vie. Ces tentations concernent notamment les questions de nourriture, de l’avoir, du pouvoir, de la gloire, de l’orgueil et du valoir. Jésus nous montre par son exemple, comment y résister grâce à la Parole de Dieu.

Le Carême n'est pas un temps triste d'efforts et de privations. C'est un temps de grâce qui nous est donné pour revenir à Dieu. Un temps pour nous désencombrer le cœur, pour nous concentrer sur l'essentiel. Comme Jésus au désert, nous affrontons des épreuves dans notre vie de foi. Mais l'Esprit du Seigneur nous accompagne sans cesse et nous rend capables de vivre de la Parole de Dieu. Dans l’esprit de la liturgie de ce premier dimanche du carême nous redisons avec le pape François : « Le Carême est un temps propice de renouveau personnel et communautaire qui nous conduit à la Pâques de Jésus-Christ mort et ressuscité. »

 

Dieu tout puissant d’amour, ton Fils s’est fait l’un de nous. Il a connu la tentation. Que sa Parole nous transforme pour que nos actes fassent naître la paix, là où est la haine, la solidarité, là où est la pauvreté. Ainsi, nous pourrons annoncer Jésus-Christ, vivant pour les siècles des siècles. Amen!

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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25 février 2022 5 25 /02 /février /2022 20:24

Siracide 27, 4-7; Psaume 91; 1 Corinthiens 15, 54-58 ; Luc 6, 39-45

À quoi reconnaît-on un arbre ? À ses fruits ! Voilà des critères de valeurs pour nous-même, nos communautés et pour les propositions qui nous sont faites. Les fruits de notre cœur ? Nos paroles et nos actes ? Ben Sirac, bien avant Jésus-Christ, nous avait conseillé d’y faire attention et Jésus dans l’Evangile nous met en garde contre les jugements que nous faisons aux autres. Saint Paul quant à lui nous invite à nous réjouir dans le Christ victorieux de la mort par sa mort et sa résurrection.

Ben Sirac à travers des maximes et des proverbes provenant d’horizons divers, nous livre quelques paroles de sagesse. Nos paroles nous trahissent, dit-on; la vie de tous les jours nous le fait bien comprendre: la parole de l'homme révèle ce qu'il est. Elle permet le dévoilement de l’être, la manifestation de notre identité et l’expression de notre intériorité. L’homme invité à la sagesse doit en faire bonne usage de la parole. Car elle est source de bien autant que source de mal en fonction de son usage. Elle détermine notre être au sein de la société.

Au terme de son grand exposé sur la résurrection dans sa première lettre aux corinthiens, Paul éclate de joie: ô mort, où donc est ta victoire? Son enseignement devient chant d'action de grâce. Grace à sa foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous donner la vie en abondance, saint Paul est convaincu que la mort ne saurait avoir le dernier mot. Elle a été vaincue au pied de la croix. Point n’est plus besoin pour nous chrétiens d’avoir peur d’elle et de nous affoler lorsqu’elle arrive. La victoire du Christ l’a anéantie une fois pour toute. Nous devons donc marcher confiant en affrontant les épreuves de notre vie avec le regard fixé sur le Christ qui nous attend pour la félicité éternelle. Dans cette marche vers la cité de Dieu, la mort devient  un passage, une porte d’entrée et non pas l’expression d’un chaos, d’un désespoir ou d’une fin à fuir.

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous met en garde contre un esprit faussé qui nous ferait mal voir et les autres et nous-mêmes. « Un aveugle peut-il garder un autre aveugle ? » Dans la foule, Jésus vise d’abord ceux qui se présentent comme les guides du peuple : scribes, prêtres et pharisiens… mais ce qu’il leur dit vaut pour chacun de nous. Qui de nous n’a pas une certaine responsabilité d’éduquer, de témoigner et parfois de juger, de décider… ? Qui de nous ne se donne pas le droit de juger les autres et d’intervenir dans leur vie ? Mais sommes-nous habilités et surtout aptes à bien le faire ? À vérifier d’abord la qualité de notre vue. Si nous voyons tout sombre c’est peut-être que nous portons des lunettes sombres ou que nous avons la cataracte, alors nous risquons de maudire même le jour et de critiquer les couleurs… Mais plus encore, nous risquons d’avoir le regard faussé parce que nous avons l’esprit faussé. Il peut y avoir une poutre dans notre œil qui ne laisse plus passer que quelques lueurs sur les côtés. Alors nous ne voyons plus l’autre dans la globalité de la vie, mais nous n’en retenons que quelques défauts que nous voudrions vite enlever afin qu’il nous ressemble. Mais si nous sommes sur un chemin de ténèbres et de mort voyons où nous risquons de l’entraîner. C’est pourquoi, nous dit Jésus, enlève d’abord la poutre qui est dans ton œil.

Dans la vie relationnelle nous n’avons pas à vouloir changer l’autre, ce n’est pas possible. Nous devons veiller à nous changer nous-même, afin de faire advenir – un peu plus – la justice, la bonté, la paix, l’amour, etc. Nous avons à œuvrer pour cela, à nous donner de la peine. C’est vrai qu’alors, peut-être, car il est libre, l’autre à son tour changera. Et il changera à son rythme pour devenir lui-même. C’est ainsi que Dieu agit pour chacun de nous et avec quelle patience.

 

Tu nous as réunis, Seigneur, pour que cherchant ensemble ta volonté nous vivions dans l'amour comme des disciples du Christ. Mets en nous le désir de ce qui est vrai, tiens nous dans ta lumière, garde nous dans un esprit de paix; et quand nous aurons vu ce que tu demandes, aide nous à l'accomplir d'un même cœur, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

 

 

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18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 10:27

Samuel 26, 2-23 ; Ps 102 ; I Corinthiens 15, 45-49 ; Luc 6, 27-38

Dimanche dernier, Jésus nous invitait à la joie: "Soyez heureux, exultez de joie". Aujourd'hui encore, il va parler à notre cœur: il nous dira les secrets du Royaume, les exigences de l'Evangile, il nous demandera d'aimer: d'aimer ceux qui nous aiment, et d'aimer même qui ne nous aiment pas. Les textes bibliques de ce dimanche nous montrent un chemin de conversion. Nous vivons dans un monde où beaucoup ne pensent qu’à se faire justice. Aujourd’hui, nous recevons des appels à refuser la vengeance et à faire miséricorde à l’instar de David qui pardonne Saül. Car nous sommes appelés à être des hommes spirituels avec le Christ Jésus pour model et rédempteur.

Après des débuts prometteurs, Saül, le premier roi d'Israël a failli à sa mission: servir le Seigneur et son peuple et non pas ses propres intérêts et ambitions. Le prophète Samuel, qui lui avait donné l'onction, est allé lui chercher un successeur potentiel en la personne du jeune David, simple berger qui va mener une carrière fulgurante à la cour. À tel point que Saül en devient jaloux, cherchant à anéantir son rival. Le jeune David, poursuivi et traqué par Saül, alors qu’il a l’occasion de se venger de ce dernier qui cherche à le tuer injustement, renonce à la vengeance et au meurtre. Il est convaincu que malgré ses désirs meurtriers à son égard, Saul est le choisi de Dieu et pour cette raison sa vie doit être respectée. Seul Dieu peut rendre la justice véritable. Par ce geste de pardon, David est déjà l'image du Messie, artisan de pardon et de paix.

Les Corinthiens se trompent s'ils s'imaginent que la résurrection de Jésus fut un simple retour à la vie, dit saint Paul. Il s'agit de bien autre chose: d'un recommencement de l'humanité. Avec Adam, l’homme était condamné à la mort car pétri de la terre et soumis aux lois de la nature. Mais Jésus, Nouvel Adam, par sa mort et sa résurrection, a libéré l’homme du pouvoir de la mort pour lui accorder la vie éternelle. Par son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection, il a fait de nous des hommes spirituels en nous libérant de la finitude pour nous introduire dans la vie divine.

Par la façon de vivre, de se comporter et d’organiser l’existence, nous recherchons des modèles de conduite. Jésus répond à notre attente, il nous présente la référence suprême : son Père qui est miséricordieux et qu’il faut imiter. Ce message est aussi pour nous aujourd’hui. Comment parvenir à aimer ceux envers qui nous éprouvons de l’aversion comme ceux qui nous veulent du mal, pire, qui en font ? Les offenses sont parfois si outrageantes, les blessures si profondes, les séquelles si sévères, qu’il semble tout à fait impossible de pouvoir aimer les personnes qui en sont la cause. Comment demander à une famille d’aimer celui qui par un acte odieux a éliminé un membre de cette famille ? Comment demander à quelqu’un d’aimer une personne qui lui a fait du mal ? N’est-ce pas humainement impensable et impossible ? Comment donc recevoir cet enseignement de Jésus sans le déformer, le relativise ou l’édulcorer ? Etre son disciple c’est entreprendre un chemin  nouveau qui implique des exigences nouvelles. Il nous propose en effet, de vivre dans l’amour de Dieu et du prochain, de pardonner sans cesse comme Dieu nous pardonne, de manifester plus d’amour à ceux qui nous veulent du mal, de mener une vie de non-violence. Ceci couronnée par la règle d’or « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. ».

Jésus-Christ nous montre donc le chemin. Il nous parle de miséricorde. C’est facile de juger et de critiquer. Mais si nous regardons notre vie, nous voyons bien que nous aussi, nous sommes des « pauvres pécheurs ». Nous sommes bien mal placés pour regarder ce qu’ont fait les autres. Nous ne devons jamais oublier que la mesure que nous utilisons pour eux servira aussi pour nous. Aimer son ennemi est donc une victoire sur le mal par le bien. Par ce commandement nouveau, Jésus nous invite d’arrêter cette montée de vengeance, de rancune qui ne fait qu’attiser la haine dans nos familles et dans nos sociétés. Le Seigneur veut qu’on passe de la loi du talion ou loi de l’équivalence à une loi de la surabondance. En d’autres termes, nous sommes conduits à passer d’une logique de vengeance, où la violence appelle la violence, à une démarche de pardon conduisant à la paix.

 

Dieu notre Père, tu as envoyé Jésus ton Fils pour rassembler dans un même amour les hommes de toutes langues, de toute race et de toute culture. Envoie-nous ton Esprit, pour qu'à l'image de Jésus, nous sachions nous respecter, nous pardonner, et nous ouvrir fraternellement les uns aux autres. Ainsi, nous deviendrons de mieux en mieux tes fils en ton Fils, par l'action de l'Esprit-saint, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen!

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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11 février 2022 5 11 /02 /février /2022 20:47

 

Jérémie 17, 5-8 ; Ps 1 ; 1 Cor 15,12-20 ; Luc 6, 17-26

Bonheur et malheur ces deux mots opposés donnent le ton de notre célébration liturgique de ce sixième dimanche ordinaire C. Une vie dans le Seigneur conduit au bonheur. Par contre une vie loin du Seigneur conduit au malheur (1ere lecture). Vivre avec le Seigneur c’est croire en la résurrection de Jésus-Christ mort et ressuscité pour notre salut (2e lecture). Pour montrer la route à suivre, il nous trace le chemin des béatitudes, sources de joies pour tous ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur (Evangile). La recherche du bonheur... voilà ce qui fait avancer l'homme depuis la nuit des temps. Nous voulons être heureux, et nous sommes quelquefois prêts à tout pour y parvenir. Le chemin de bonheur que Jésus nous propose ne correspond pas toujours à nos critères. Nous savons bien pourtant qu'en accueillant ses exigences nous partagerons sa propre joie.

Pour le prophète Jérémie, certaines vies sont stériles, d'autres sont fécondes; tout dépend des choix que l'on fait. Pour évoquer ces situations opposées, les prophètes parlent de "malédiction" et de "bénédiction". L’homme qui met sa confiance et son espoir en le Seigneur, qui ne va pas avec les méchants est un homme bénit. Dieu veille sur lui et bénit tous ses projets. Par contre l’homme qui met sa confiance sur les mortels, qui se détourne de Dieu est un homme maudit. Quand frappent la maladie, l'échec, le chômage, la solitude, quand nous-mêmes, ou nos proches, sommes touchés par l'angoisse du lendemain, comment rester debout? Face à des situations difficiles qui durent et que l'on voudrait tant voir se résoudre, où puiser le courage de faire un pas supplémentaire et d'espérer encore ? La foi est-elle de quelque secours lorsque nous affrontons ces déserts ? Jérémie réponse par l’affirmative et il nous invite à mettre notre confiance au Seigneur et lui en retour se chargera de nous combler dans toutes ces difficultés existentielles.

Marqués par la culture grecque, certains chrétiens refusent l'idée d'une résurrection des morts. En réponse, saint Paul montre les conséquences d'un tel refus. Notre foi repose en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous donner la vie. Si le Christ n’est pas ressuscité, nous dit saint Paul, vaine est notre foi, vaine est la foi de tous ceux qui ont cru au Seigneur et qui reposent en lui. Or la foi en la résurrection du Christ et des morts est le fondement sûr de l’espérance chrétienne. Notre sort est indissolublement lié à celui du Seigneur. C’est pourquoi nous devons en toute confiance croire qu’il est mort et ressuscité.

Contrairement à Matthieu qui situe le discours des béatitudes sur la montagne, Saint Luc  nous conduit dans la plaine avec Jésus et ses disciples pour recevoir le message des bienheureux. Jésus-Christ, visage de la miséricorde de Dieu, en s’adressant à ses contemporains invite à retrouver la joie dans les différentes épreuves de la vie. La pauvreté, la famine, les pleurs, la haine, les insultes, le rejet et les moqueries du monde à cause de lui, ne sont pas des motifs pour s’attrister mais plutôt des raisons de lui faire plus confiance car par ces épreuves vécues avec lui, nous serons récompensés dans le ciel.  Dieu se fait en effet proche de tous ceux qui souffrent pour la cause du Royaume des cieux. Par contre, il met en garde tous ceux qui, de leur richesse, de leur avoir, de leur être, de leur potentialité  ou de leur position sociale se moquent des autres et s’en orgueillissent. Ils ont déjà reçu leur récompense.

Les béatitudes manifestent que Dieu n’est pas neutre : il est du côté des pauvres, des doux, des affligés, des artisans de paix. Dieu n’est pas du côté des puissants, des violents, des dominateurs. Les Béatitudes ne sont pas un appel à être pauvre, affamé, triste ou haï. Il s’agit bien au contraire d’un appel à lutter contre cela. Tous nous sommes donc appelés non pas à nous exclure mutuellement à cause de nos possessions ou de notre situation sociale mais plutôt à nous revêtir de plus d’humilité, de générosité, de bonté et d’amour afin de faire de Dieu notre seule richesse véritable, source de notre bonheur et celui de notre prochain. 

 

Dieu Notre Père, dans notre monde, tu le sais, il y a trop de tristesse, d'inégalités, de guerres et d'exclusions. Viens combler nos cœurs affamés de paix et de joie. Ouvre nos esprits à la nouveauté de ta Parole. Entraîne-nous sur les chemins de ton bonheur. En toi notre confiance et notre espérance, par ton Fils bien-aimé Jésus-Christ, dans la force de l'Esprit-Saint, pour les siècles des siècles. Amen!

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

 

 

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5 février 2022 6 05 /02 /février /2022 08:55

Is 6, 1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1 Cor 15, 1-11 ; Lc 5,1-11

 

Isaïe, Paul, Simon : leur point commun, c’est l’appel du Seigneur, auquel chacun a répondu : « Oui ». En tout temps, en effet, le Seigneur veut avoir besoin des hommes : il lui faut des messagers pour porter sa parole (1ère lecture), et toute l’histoire de son peuple parle de prophètes, puis d’Apôtres dont le nom même signifie « envoyés » (Evangile). Leur mission ?  Jésus l’explique à Simon en lui disant qu’il sera « pêcheur d’hommes » : il s’agira de rassembler les hommes, de faire vivre l’Eglise. Et saint Paul nous en dit le cœur, le « kérygme » : le cœur de notre foi et de notre salut, c’est la mort et la résurrection du Christ (2ème lecture). Dans la continuité des dimanches précédents qui nous présentaient la vocation des prophètes et de Jésus lui-même, Jésus choisit ses messagers, pour que la Parole de Dieu soit annoncée sans interruption.

Les lectures nous font voir la fragilité et la faiblesse de l’homme ainsi que la prise de conscience de sa finitude. Les deux premières réalités manifestent la notion du péché, si présente dans nos vies. Isaïe d’abord, qui voit bien, à l’appel de Dieu, l’écart qui existe pour répondre à ce qui lui est demandé : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures. » C’est finalement l’envoyé de Dieu qui lui donne l’occasion de répondre à la mission en le touchant aux lèvres pour lui rendre sa dignité. Brûlure qui purifie, feu qui nettoie l’homme intérieur pour une totale disponibilité pour la réalisation de la vocation prophétique.

Pour Paul, c’est la même réalité : bien sûr, il est en mesure de fortifier les communautés qu’il a fondées en rappelant à temps et à contretemps la force de la Parole proclamée. Sûrement, il tente de vivre dans sa chair tout ce qu’il enseigne au cours de ses visites. Pourtant, c’est au contact de cette Parole qu’il reconnaît sa petitesse : « En tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis. » Comme si la Parole et sa vie ne faisaient plus qu’un. Dans l’évangile, l’apôtre Pierre nous montre l’exemple en tombant aux pieds du Christ : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »

Jésus ne connaissait sans doute pas grand-chose à la pêche, mais il a montré au cours de sa vie terrestre combien il pouvait sonder les cœurs. Et l’apôtre qui a douté des capacités de son Maître, se trouve démuni lorsqu’il voit le résultat accompli, auquel il ne voulait pas croire. Aujourd’hui encore, Jésus nous fait avancer au large pour pêcher la justice, la paix, le respect de la création, le partage, le pardon. Il ne demande rien d’impossible, simplement de se fatiguer un peu pour le plus grand bien de tous les hommes.

En outre, la Parole de Dieu, en ce dimanche, nous rappelle que chacun est responsable de transmettre ce qu’il a reçu. A trop nous demander si nous en sommes dignes ou non, nous risquons de remettre toujours à plus tard notre réponse à l’appel que le Seigneur nous adresse ; ou a, à l’extrême, de fuir notre véritable vocation. Dieu donne à chacun la force de remplir sa mission dans le monde, pour que se réalise son dessein de salut. Ce que nous avons à transmettre n’est autre que son amour dont personne n’est exclu. Parfois, nous serions tentés d’attendre d’être « vraiment » chrétiens pour nous engager à suivre Jésus. Nous plaçons en quelque sorte la « barre spirituelle » trop haut ! Il y a là un piège dangereux. La sainteté n’est pas un état « chimiquement pur », c’est une marche, un devenir, une lente tentative pour laisser la grâce passer en nous malgré l’épaisseur de nos pesanteurs. Dans cette marche Dieu est toujours le premier à prendre l’initiative. C’est lui qui nous appelle à collaborer  avec lui pour notre propre sanctification et celui de nos frères et sœurs. Nous devons donc nous sentir concerné par l’appel de Dieu pour la cause du salut de tous et nous engager sans réserve afin que la gloire de Dieu se manifeste à tous les hommes.

 

Seigneur notre Dieu, c'est toi qui appelles et sans ta grâce, nous ne pouvons rien. Par-delà nos déceptions et nos découragements, que ton Esprit-Saint soit notre force et nous donne l'audace d'annoncer aux hommes de ce temps le nom de ton Fils Jésus, le Christ, notre Seigneur.

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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28 janvier 2022 5 28 /01 /janvier /2022 20:41

Jérémie: 1, 4-19 ; Ps 70 ;  1 Cor 12, 31-13,13 ; Luc 4, 21-30

Il nous faut des prophètes ! A toutes les époques, pour rappeler aux foules où est l’essentiel, leur montrer la voie de l’espérance, pour veiller à ce que le peuple ne s’égare du chemin où le Seigneur le conduit. Ainsi, fut choisi Jérémie (1ère lecture), aimé, comme chacun, bien avant sa naissance. Ainsi sont choisis, aujourd’hui, les artisans de paix, de justice, et d’amour, cet amour charité chanté par saint Paul (2ème lecture) et que beaucoup incarnent sans bruit. Ainsi, encore des prophètes se lèvent au prix de leur vie, pour défendre l’homme en sa dignité : chemin de passion qui, à la suite du Christ (Evangile) devient chemin de vie.

Etre prophète, témoin de Dieu, c'est aller souvent à contre-courant des autres et de soi-même, avec, pour seul appui, la fidélité du Seigneur. Ainsi vécut le prophète Jérémie. Il se revoit, jeune et timide, saisi par l'appel de Dieu.

Certains chrétiens de Corinthe briguaient les phénomènes spirituels alors en vogue, tel le don des langues ou celui de la prophétie. Il y a mieux, dit Saint Paul; il existe un don de Dieu qui dépasse tous les autres: la charité que nous sommes invités à vivre chaque jour. Il arrive que l’homme oublie qu’il a été créé pour aimer. Saint Paul, le cœur plein de tendresse explique simplement ce qu’aimer veut dire. L’Apôtre ouvre sa méditation par ces mots : « l’amour prend patience!» Si donc tu sais patienter, tu sais aimer. Il écrit encore : « l’amour rend service ». Simplement, sans calcul. Si tu sais te rendre disponible pour autrui, tu sais aimer. Ce n’est pas là chose extraordinaire : il t’est offert chaque jour d’exercer ta patience ou de rendre service.

Aimer, c’est aussi savoir renoncer : la jalousie, la vantardise, la malhonnêteté n’ont pas de place dans un cœur qui aime. Il importe par ailleurs d’abandonner ce qui est recherche de soi, emportement, rancune ou joie malsaine. Si tu sais quitter ce qui te blesse et qui t’enchaîne, tu sais aimer. L’amour « trouve sa joie dans ce qui est vrai ». Si dans ta vie familiale et professionnelle, tu cherches à vivre en vérité, quoiqu’il advienne, quoiqu’il en coûte, tu sais aimer. Car amour et vérité toujours se rencontrent. L’amour n’accepte pas de demi-mesure. La mesure est d’aimer sans mesure. « Il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.» L’amour dont nous vivons peut sembler bien faible face à une telle exigence. Qu’importe ! L’essentiel, où que nous en soyons, est d’être sur le bon chemin. En chemin vers l’Amour.

Aux offres de Dieu, on peut répondre par oui et par non, par la foi et par le refus de croire. Comme les prophètes avant lui et dès le début de son ministère, Jésus rencontre chez ses auditeurs les deux attitudes. Après avoir proclamé la Parole de Dieu et annoncé son accomplissement en lui, Jésus se voit rejeté par ses frères de Nazareth. Tous sont surpris que lui, charpentier, fils de Joseph puisse s’identifier à la prophétie proclamée. Il est donc expulsé du temple et menacé d’être propulsé au bas de la colline. La parole de Jésus leur est tout simplement insupportable. De l’enthousiasme d’écouter Jésus, ils passent au rejet de ce prophète qui les dérange dans leurs convenances et leurs habitudes. C’en est déjà trop. Ce prophète doit disparaître, il doit mourir. Et la foule le rejette hors de la ville. Jésus poursuit son chemin. Comme si, désormais, la Bonne Nouvelle ne pouvait plus se taire. Comme si, soudain, la Bonne Nouvelle n’avait plus de frontières. Elle devient parole vivante qui bouscule, dérange, fait grandir. Une parole à lire. Une parole à vivre. Une parole qui s’accomplit aujourd’hui dans nos vies.

Que c’est dur  d’être prophète surtout au milieu des siens ! S'il est bien connu qu’il nous est souvent plus facile, voire agréable, d’écouter ceux qui disent exactement ce que nous avons envie d’entendre, ce qui nous fait du bien, ce qui ne nous contrarie pas, il peut nous devenir difficile, et même insupportable, d’entendre, d’accepter une parole qui va nous bousculer, nous déranger dans nos habitudes, dans notre manière d’être, de vivre, de penser, de nous engager. Mais la parole de Dieu doit être annoncée malgré les persécutions et les obstacles. Rien ni personne ne doit détourner le messager de Dieu de sa mission. Au nom de Dieu, il est investi pour annoncer la Bonne Nouvelle du salut,  dénoncer le péché du peuple et  toute sa  vie devient un renoncement pour la cause de Dieu. Consacré par l’Esprit du Seigneur qui le soutient dans sa mission, sa seule récompense au milieu des siens est une vie de persécution, de mépris, de rejet jusqu’au don de sa propre vie.

Depuis les temps les plus anciens Seigneur, tu nous adresses ta Parole par l’intermédiaire de femmes et d’hommes qui ont été des prophètes pour ton peuple. Aujourd’hui, c’est à nous que tu lances ton appel pour que nous devenions un peuple de prophètes, pour dénoncer le mal de l’oppression et annoncer la libération offerte à tous par le Christ Notre Seigneur  Jésus-Christ qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles les siècles. Amen.

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 18:56

TROISIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C

Néhémie 8, 1-10 ; PS 18 ; 1 Cor 12,12-27 ; Luc 1, 1-4 ; 4, 14-21

En ce 3ème dimanche, Jésus, Verbe fait chair à Noël, se révèle à nous comme celui en qui la Parole s’accomplit (Evangile). Il est la Parole que nous accueillons et que nous acclamons. En l’écoutant dans une même foi (1ère lecture), nous sommes le corps qu’il constitue par son Esprit (2ème lecture) pour annoncer au monde ses merveilles. Dimanche de la Parole, dimanche de l’Eglise rassemblée autour de la Parole de vie.

Après un désastre national, il faut tout rebâtir. Pour les Juifs revenus d'exil, ce renouveau se fait autour de la Parole de Dieu. C'est l'origine de l'institution de la synagogue, le lieu que Jésus choisira pour révéler sa mission. En présence du peuple rassemblé, le scribe Esdras proclame solennellement la Parole de Dieu. L’Ecoute de cette Parole suscite pleins d’émotions au peuple qui prend conscience de l’amour de Dieu qui est de toujours. Invité à ne pas pleurer mais plutôt à se réjouir du jour du Seigneur, le prêtre et scribe Esdras convie en outre le peuple à s’ouvrir à plus de charité envers ceux qui n’en ont pas. La parole de Dieu écoutée et méditée pousse toujours à l’action.  Elle ouvre les horizons vers un monde meilleur où tout homme a le droit de bénéficier de l’amour et de la générosité partagés.

Pour expliquer la nécessité de charismes divers, Paul compare l'Eglise au corps humain. Il y a une hiérarchie des membres, mais tous sont nécessaires. Le corps ecclésial comporte une nouveauté radicale: les membres forment le Corps du Christ parce qu'ils ont reçu le baptême. Au sommet de la hiérarchie des services, il y a les porteurs de la Parole de Dieu: apôtres, prophètes, hommes et femmes chargés d'enseigner. Comme le corps humain qui a plusieurs membres dont aucun ne peut se prévaloir d’être le meilleur ou le plus important, la diversité des fonctions, des charismes, des dons dans l’Eglise et dans notre vie quotidienne doit être pour nous un appel à la collaboration dans un esprit d’humilité et de service. Nul n’a le droit de s’appuyer sur ses dons ou charismes pour se remplir d’orgueil et considérer les autres avec dédains. Un chrétien  qui divise, qui méprise les autres ou qui s’en orgueillit à cause de ses qualités cesse d’être au service de l’Esprit Saint.

A partir de ce dimanche, nous lisons le récit du ministère de Jésus d’après l’Evangile selon Saint Luc. Saint Luc commence son œuvre en montrant la véracité des faits qu’il raconte. Il a en effet pris le temps de bien se renseigner auprès des témoins de la venue de Jésus-Christ. La finalité de son œuvre dédiée à Théophile, qui représente chacun de nous, ami de Dieu, est de nous donner des motifs plus grands de croire en Jésus-Christ. Notre foi n’est pas fondée sur des faits imaginaires ou des récits mythiques/légendaires. Elle découle d’une expérience réelle, personnelle et communautaire avec le Verbe de Dieu, incarné pour nous donner la vie éternelle.

Jésus-Christ ne vient pas rompre ce qui a été annoncé avant lui. Il vient les accomplir. Pour cela, dès sa première sortie publique après l’expérience de quarante jours au désert, au milieu des siens dans la synagogue de Nazareth, il proclame l’Ecriture et annonce son accomplissement en lui. Cette parole proclamée dévoile le sens de ma mission. Il se sait consacré par l’Esprit du Seigneur pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, aux aveugles qu’ils verront la vue, apporter la libération aux opprimés, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. Par ces paroles, il annonce le sens de sa vocation qui est essentiellement prophétique. Il assume et accomplit tout ce que les prophètes de l’Ancienne Alliance avaient dit et annoncé à propos de lui. Cette bonne nouvelle retentit encore aujourd’hui dans nos vies marquées par tant de mauvaises nouvelles, tant d’oppressions des petits et des faibles, tant d’injustices sociales, tant d’aliénations humaines et tant de bafouement de la dignité de l’homme. Le Christ vient nous libérer et nous appelle nous aussi à nous engager avec lui dans la libération de tout homme et de tout l’homme.

Notre Dieu et Seigneur, Tu as réalisé l’unité de ton peuple dans la personne de ton Fils. Nous t’en prions. Ouvre nos intelligences et nos cœurs afin qu’ils ne s’égarent
ni dans les divisions ni dans les pièges de la suffisance. Permets, au contraire,
que forts de ta Parole qui nous rassemble, animés par l’Esprit qui nous soutient, nous annoncions ta Loi d’amour en Jésus qui nous conduit et nous sauve.

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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14 janvier 2022 5 14 /01 /janvier /2022 20:48

Isaïe 62, 1-5 ; Ps 95 ; 1 Cor12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

Ce dimanche ouvre le « temps ordinaire ». Mais avec l’évangile des « noces de Cana » (Jn 2), c’est un peu un dimanche intermédiaire entre le « temps de Noël » achevé dimanche dernier, et le « temps ordinaire » de cette année C (nous n’ouvrirons l’évangile de Luc que dimanche prochain). La 1ère lecture est d’ailleurs celle qui est prévue pour la messe de la veille de Noël : le prophète Isaïe raconte que, le peuple étant revenu d’exil, le Seigneur veut avec lui une alliance plus intime encore, comme celle de deux époux. Par ailleurs nous commençons, pour sept dimanches, la lecture de la première lettre aux Corinthiens (2ème lecture).

Au retour de l'exil, tout est en ruine, le peuple se divise, les étrangers sont toujours là, la misère dure. Pourtant le prophète Isaïe invite à la confiance, il le fait avec des images de lumière et de tendresse conjugale.

Devant les désaccords qui règnent dans la communauté de Corinthe à cause de la jalousie et du mépris de certains membres, Paul rappelle que tout est don de l’Esprit : chacun a sa place, et l’Esprit est le même en tous. Les dons, les charismes, les fonctions reçus sont en vue du service de tous et non pas en vue de créer des divisions et des disputes dans la communauté. Nous devons accueillir la diversité de nos dons en vue de construire ensemble le corps mystique du Christ en vivant dans l’unité  pour le bien de tous.

Au commencement de sa vie publique, Jésus se rend à Cana, dans des noces avec ses disciples et sa mère. Grâce à l’intercession de Marie, sa mère, il réalise le premier signe, la transformation de l’eau en vin. Avec un cœur de mère attentive, humble et discrète, Marie intervient auprès de son Fils afin qu’il fasse quelque chose en faveur des convives. Cela aussi est un signe pour nous. Elle continue sa mission en faveur des hommes d'aujourd'hui; elle intercède pour nous. Elle nous dirige vers son fils comme elle l'a fait à Cana. A chacun de nous, elle redit: Faites tout ce qu'il vous dira!

Jésus en écoute de sa mère accepte d’anticiper son heure. Heure qui trouvera réalisation définitive par le don total de sa vie pour les hommes en ne transformant plus l’eau en vin mais plutôt en transformant le vin en sang, coupe du salut versée pour la rémission des péchés.  Ainsi, ce signe de vin annonce la coupe de l’eucharistie. Par le signe des noces de Cana, Jésus révèle un nouvel horizon à notre fragile humanité, engluée dans des misères de toutes sortes, car il annonce la nouvelle Alliance, les noces de Dieu avec son peuple. Tous les mariages chrétiens deviennent à leur tour des signes de ces noces d’amour, celles de Dieu avec l’humanité.

En entendant l’Évangile des noces de Cana, nous pensons immédiatement à l’eau changée en vin, sans prêter suffisamment attention au fait que Jésus a demandé aux serviteurs : « Remplissez d’eau les cuves ».  A plusieurs occasions de miracles, de « signes » dit saint Jean, Jésus veut en effet avoir besoin des hommes pour manifester le Royaume. Or, nous pouvons bien supposer que cette intervention humaine ne lui était pas indispensable. Mais cela reste plein d’actualité pour nous. Il a besoin de notre collaboration pour transformer notre existence en source de joie. Tout comme les signes qu’il accomplit sont toujours en vue de croitre notre foi. C’est pourquoi les noces de Cana se terminent non pas en ivresse à cause de l’abondance de vin mais plutôt en manifestation de sa gloire et en expression de la foi de ses disciples.

Aujourd’hui encore, en effet, ce même « faites ce qu’il vous dira » retentit par son Église. Et comme Saint Paul l’explique dans la deuxième lecture, le Christ ne demande pas la même chose à chacun. Il est donc nécessaire de discerner les demandes, les appels, les vocations. Nécessaire de savoir ce que le Christ me dit, et ensuite de le faire pour que la révélation de son amour continue. La démarche qui nous est demandée est à la fois exigence de discernement, d’humilité, et d’audace. Dans la foi, et en Église, les demandes du Christ sont à écouter avec attention, patience, discernement.  Elles sont ensuite à accueillir par chacun avec beaucoup d’humilité, de confiance, d’esprit de service. Alors, avec l’audace de l’Esprit, chacun répond et agit, contribuant pour sa part à faire grandir le Royaume de la paix et de l’amour.

 

Dieu Éternel et Tout puissant, par ton Fils Jésus-Christ tu visites ton peuple pour lui donner la joie du salut en partageant ses moments de joie. Tu n’es pas indifférent à nos évènements humains. Regarde-les encore aujourd’hui et viens combler nos manques de pain et de vin véritables afin que nos vies deviennent avec toi des anticipations au banquet éternel. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen.

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

 

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8 janvier 2022 6 08 /01 /janvier /2022 08:51

1ere lecture : Is 40, 1-5.9-11 ; Ps 103 ; 2e lecture : Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Évangile : Lc 3, 15-16.21-22

Dernier jour du « temps de noël », ce dimanche prolonge les fêtes de Noël et de l’Épiphanie : dans les lectures, il est encore question de manifestation du Seigneur. Selon le prophète Isaïe, le Seigneur manifestera sa victoire et sa gloire par le retour des exilés à Jérusalem (1ère lecture). Selon saint Paul, ce salut se particularise en chacun par notre baptême dans l’Esprit Saint (2ème lecture). Quant au récit évangélique du baptême de Jésus par Jean, il nous dit une théophanie : manifestation de Dieu Père, Fils et Esprit Saint, puisque Jésus le Fils est baptisé, l’Esprit descend sur lui, et la voix du Père le désigne comme Fils. Le baptême de Jésus par Jean nous fait entrer dans le mystère total du Christ, mystère d'incarnation et de rédemption qui appelle déjà le baptême de la croix. L'eucharistie nous configure à ce baptême plénier, pour que nous portions le visage de ce Dieu qui aime jusqu'à se donner tout entier à tous. Célébrer la fête du baptême du Seigneur, c'est reconnaître en lui le Dieu fait homme, celui qui prend chair dans notre humanité. Lorsque Jésus se fait l'un d'entre nous, acceptant de recevoir le baptême de Jean, c'est l'homme qui est appelé à grandir à l'image de Dieu. Hommes et femmes, nous sommes frères et sœurs du Christ, puisque Dieu aime chacun d'entre nous comme "son enfant bien aimé".

"Voici le Seigneur Dieu: il vient avec puissance" écrit le prophète Isaïe. Roi puissant mais pacifique, il apporte le pardon et la libération et il conduit son peuple sur des routes sûres.  Dans cette prophétie, les chrétiens ont vu l'annonce de la venue de Jésus et annoncée par Jean-Baptiste. Saurons-nous, aujourd'hui, nous aussi, lui préparer un chemin dans nos déserts?

Saint Paul nous rappelle que la bonté de Dieu se révèle dans son œuvre de salut. Dieu nous sauve par grâce. Son amour est premier, mais il est exigeant: l'ardeur des hommes à faire le bien doit répondre à l'ardeur de Dieu pour l'humanité.

Saint Luc nous narre le récit du  Baptême de Jésus. Il se joint à la foule qui se faisait baptiser par Jean pour recevoir lui aussi le baptême. A la différence de cette foule qui attendait le Messie et qui avait besoin de baptême de repentance, Jésus, Agneau de Dieu entre dans les eaux pour les purifier et donner un sens nouveau au baptême. Aux sorties, l’Esprit Saint descend sur Lui et la voix du Père se fait entendre.

Le baptême de Jésus n’est pas un événement ponctuel à coté de beaucoup d’autres, c’est toute l’existence de Jésus qui est baptismale ! Par ses paroles et ses actes, par le don de sa vie, par sa mort et sa résurrection, il témoigne de sa qualité de frère universel et de  Fils de Dieu. En conformant ses attitudes et ses choix à la volonté du Père, il annonce le Royaume de justice et d’amour promis aux hommes et inaugure la nouvelle création dans laquelle nous sommes invités à trouver et à prendre notre place.

Le baptême de Jésus révèle son mystère et son identité. En même temps, il renvoie chaque homme à sa vocation originale et irréductible. En effet, chacun de nous est appelé à recevoir l’Esprit Saint, l’esprit d’adoption et à entendre cette parole inouïe : « c’est toi mon fils, ma fille bien aimée, en toi j’ai mis tout mon amour ». Dans le feu de l’Esprit, Jésus est saisi, consacré, envoyé. Quant à nous, ce sont notre baptême et notre confirmation qui nous habilitent à devenir « les envoyés » du Père : nous accomplissons ainsi notre mission prophétique, sacerdotale et royale, dans l’annonce de l’évangile, l’offrande de nos vies et le service de nos frères. Ne laissons pas dépérir en nous le don de Dieu, mais réactualisons, ravivons, déployons la grâce baptismale qui nous a été donnée.

Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l’Esprit Saint reposa sur lui, tu l’as désigné comme ton Fils bien-aimé ; accorde à tes fils adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen.

Père Bernard Dourwe, Rcj.

 

 

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