Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 21:16

INTRODUCTION

En la 20ème année de son pontificat, le 31 mai 1998, à la solennité de la Pentecôte, le pape Jean Paul II, rendit publique la lettre apostolique « Dies domini » adressée aux Evêques, aux prêtres, aux familles religieuses et aux fidèles de l’Eglise catholique sur la sanctification du dimanche. Le pape présente cette lettre apostolique riche en signification en cinq chapitres. Il commence par faire une introduction (n°1-7). Ensuite, il développe le premier chapitre : Dies Domini sur la célébration de l’œuvre du Créateur (n°8-18). Le deuxième chapitre : Dies Christi porte sur le jour du Seigneur ressuscité et du don de l’Esprit (n° 19-30). Au troisième chapitre : Dies Ecclesia, le pape présente l’assemblée eucharistique, cœur du dimanche (n°31-54). Le quatrième chapitre quant à lui : Dies Hominis porte sur le dimanche jour de joie, de repos et de solidarité (n° 55-73). Enfin, au cinquième chapitre : Dies Dierum, le dimanche, fête primordiale révélant le sens du temps (n°74-80). Et s’ensuit à la fin la conclusion (n°81-86). Cette lettre apostolique est riche d’intérêts et regorge plusieurs dimensions : cosmogonique, ecclésiologique, théologique, christologique, historique, anthropologique etc. La dimension anthropologique axée principalement sur le chapitre IV : Dies Hominis où le saint père insiste sur le dimanche, jour de joie, de repos et de solidarité fera l’objet de notre recension qui portera essentiellement sur deux parties. La première partie consistera, en effet, à faire un résumé de ce chapitre et la deuxième partie sera une évaluation critique.

 

I-                   RESUME : DIES HOMINIS

1-      La « joie complète » du Christ.

Le saint père commence, dans ce chapitre, par souligner le caractère joyeux et festif du dimanche. Depuis la période apostolique, le dimanche a été vécu par les chrétiens comme un jour de joie en mémoire du Christ ressuscité qui leur apparut en leur procurant la joie : « les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur » (Jn 20, 20). Cette joie est aussi le fruit de l’Esprit Saint (Rm 14, 17 ; Ga 5, 22), un héritage du Christ à ses disciples. C’est pourquoi le chrétien, dit  le pape Jean Paul II, doit toujours être caractérisé par la joie durant toute sa vie. La joie ici n’est pas à « confondre avec de vains sentiments de satisfaction et de plaisir » (n°57) qui sont passagers  et momentanés.  La joie chrétienne est plutôt une « vertu » à cultiver. C’est une participation à la joie du Christ glorifié. C’est pourquoi elle est divine et humaine. L’eucharistie dominicale doit être alors célébrée dans un état de joie, de dignité et de festivité. Ainsi, le dimanche chrétien est un jour de Dieu donné à l’homme de faire « une fête authentique pour sa pleine croissance humaine et spirituelle (n°58).

2-      L’accomplissement du sabbat

Le dimanche chrétien s’inscrit en continuité avec la dimension de l’accomplissement du sabbat vétérotestamentaire qui célébrait l’œuvre de la création (Gn 2, 1-3 ; Ex 20, 8-11) et de l’exode (Dt 5, 12-15) mais cette fois-ci dans une perspective christocentrique. Ainsi, ce jour du repos de Dieu (Gn 2, 3) donne sens au temps de l’homme. Il devient un repère chronologique avec une portée théologique, un temps de grâce (kairoi) où l’homme est appelé en mémoire de sa création, le 6e jour et du repos de Dieu, le 7è jour, à se souvenir du jour du sabbat pour le sanctifier (Ex 20, 8). Ceci en signe de reconnaissance de « sa dépendance vitale et libératrice à l’égard du créateur, ainsi que sa vocation à collaborer à son œuvre et à accueillir sa grâce » (n°61). C’est dans ce sens que le chrétien doit sanctifier le jour du Seigneur comme le Seigneur le lui a recommandé. En se souvenant toujours que « le sabbat est fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat » (Mc 2, 27) comme nous a enseigné le Christ, lui, le « Maître du sabbat » (Mc 2, 28).

3-      Le jour du repos.

C’est grâce à l’Edit de Constantinople au 4è siècle que le jour du Seigneur fut officiellement reconnu comme un jour de repos. Les chrétiens pouvaient désormais se donner librement à la prière commune. Aujourd’hui encore, le dimanche, jour de fête et de joie, doit avoir tout son sens de jour de repos pour tous les chrétiens même dans les pays où le dimanche n’est pas respecté comme jour du Seigneur.

En outre, le repos a un caractère « sacré » dans la vie des hommes car il est voulu par Dieu. Il permet en effet « à l’homme de se soustraire au cycle des tâches terrestres, qui est parfois bien trop absorbant et de reprendre conscience du fait que tout est œuvre de Dieu » (n °65) surtout à « notre époque où la science et la technique ont accru de manière inouïe  le pouvoir que l’homme exerce par son travail » (n°65). C’est pourquoi le travail sans repos aliène l’homme et empêche ce dernier à sanctifier le jour du Seigneur. Ainsi, à la suite du pape Léon XIII, Jean Paul II pense que l’Etat doit garantir le repos dominical pour tous les travailleurs afin que l’homme exprime sa dignité dans le repos, la détente avec les exigences religieuses, familiales,  culturelles et interpersonnelles (n°66).

 Le repos dominical permet aussi à l’homme de privilégier les valeurs spirituelles sur les choses matérielles pour s’ouvrir à l’altérité dans les rencontres et le dialogue, la redécouverte de la beauté de la nature. Le dimanche devient alors pour l’homme « jour de paix avec Dieu, avec lui-même et avec ses semblables». Il est donc un devoir pour les chrétiens « de participer à l’Eucharistie, en s’abstenant des travaux et des affaires incompatibles avec la sanctification du jour du Seigneur, avec la joie qui lui est propre et avec le repos du corps et de l’esprit qui est nécessaire » (n°67). D’où le caractère « prophétique » du dimanche.

4-      Jour de solidarité

Pour le pape Jean Paul II, le dimanche jour de solidarité doit « donner aux fidèles l’occasion de se consacrer aux œuvres de miséricorde, de charité et d’apostolat » car la joie qui découle du dimanche doit se témoigner dans l’amour comme l’a prescrit le Christ en donnant à ses disciples un commandement nouveau (Jn 15, 10-12). Cette force d’amour doit découler de l’Eucharistie dominicale pour se concrétiser dans le partage fraternel avec les plus pauvres  et les démunis de la société avec qui le Christ s’identifie. L’Eucharistie devient ainsi « le lieu où la fraternité devient une solidarité concrète » (n°71). La joie se partage alors et s’ouvre aux malades, aux personnes âgées, aux enfants, aux émigrés. L’Eucharistie devient « une grande école de charité, de justice et de paix » grâce à la présence du Christ ressuscité qui fait de nous des artisans de paix.

 

II-                ELABORATION CRITIQUE

Cette lettre apostolique est riche en intérêt comme nous l’avions su-mentionné. Ce chapitre Dies Hominis nous permet de redécouvrir la portée tant théologique qu’anthropologique du dimanche. Nous voulons souligner la pertinence du dimanche comme jour de fête et de joie, ensuite le repos du dimanche comme expression de la dignité de l’homme et enfin l’exigence de la solidarité du dimanche comme un défi pour la nouvelle évangélisation.

1-      Dimanche : jour de fête et de joie.

A la suite du pape Jean Paul II, nous convenons que le dimanche est un jour différent des autres jours de la semaine surtout pour nous les chrétiens.  C’est pourquoi nous pouvons comprendre à la lumière de cette lettre apostolique certaines pratiques liturgiques comme l’interdiction de jeûner le dimanche car nous devons revêtir la joie du Christ ressuscité et la communiquer aux autres. C’est dans cette logique que les dimanches de carême ne sont pas comptés dans les 40 jours de jeûnes précédant la fête de la Pâques de notre Seigneur.  Car c’est le jour du Fils de l’homme : « les compagnons de l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’époux avec eux,  ils ne peuvent pas jeûner » (Mc 2, 19) disait Jésus aux disciples de Jean Baptiste. D’où la compréhension de la signification vétérotestamentaire du jour du sabbat comme jour de fête et de joie et non comme un jour de pénitence ou de deuil. «  Ce jour est saint pour Yahvé, votre Dieu ! Ne soyez pas tristes, ne pleurez pas » ; « allez, mangez des viandes grasses, buvez des boissons douces et faites porter sa part à qui n’a rien de prêt. Car ce jour est saint pour notre Seigneur. Ne vous affligez point : la joie de Yahvé est notre forteresse ! » (Ne 8, 9-10). Ainsi, nous sommes appelés à réexaminer notre attitude du dimanche jour de fête et de joie où nous sommes invités à nous ouvrir au monde dans ses besoins, partager notre joie et notre avoir. Nous devons fêter avec les autres et non pas nous replier sur nous-mêmes.

2-      Le dimanche : expression de la dignité de l’homme

Le saint père Jean Paul II, au vu de ce qui précède, cherche à revaloriser la dignité de l’homme. C’est pourquoi il ne manque pas de dénoncer toute forme de travail du dimanche qui bafoue et aliène l’homme dans sa dignité et sa liberté. L’homme réduit à la dimension économique ou matérielle est déshumanisé. Ainsi pour Marcus Ndongmo :

La loi du repos dominical nous enjoint d’abord de lutter contre toutes les formes d’esclavage d’où qu’elles proviennent. Non seulement, nous n’avons pas à devenir nous-mêmes des esclaves, de qui ou de quoi que ce soit, mais bien plus, nous ne devons rendre personne esclave. L’homme, quel qu’il soit n’est pas un bourreau ; il est un être libre. Après un travail bien accompli, il a droit au repos et aux loisirs.[1]

En effet, l’homme à la quête du matériel oublie souvent de trouver un temps d’arrêt pour se ‘‘re-créer’’, se ‘‘re-poser’’, se ‘‘re-faire’’. Ainsi le pape tient à dénoncer cette forme de vie où le matériel prend le dessus sur le spirituel aliénant ainsi l’homme dans sa relation avec Dieu, avec son semblable et avec la nature. Le dimanche devient « un jour de protestation contre les servitudes du travail et le culte de l’argent »[2]. En sanctifiant le dimanche, l’homme se démarque de son œuvre et se repositionne sur l’univers à l’instar de Dieu qui se reposa le 7e jour.

3-      L’exigence de la solidarité du dimanche comme un défi pour la nouvelle évangélisation

Nous vivons dans un monde enclin de matérialisme, d’individualisme où les hommes ont perdu le sens de la vie communautaire, du bien commun. Pourtant, le dimanche s’offre à nous comme un jour où l’homme est invité à redonner sens à sa vie sociale, culturelle, associative, familiale, fraternelle. C’est dans la rencontre avec l’autre que nous pourrons témoigner de l’espérance qui habite en nous (1P 3, 15). C’est le jour où tous les hommes doivent jouir par ailleurs « d’un temps de repos et de loisir suffisant qui leur permette aussi d’entretenir une vie familiale, culturelle, sociale et religieuse »[3]. Ainsi, la nouvelle évangélisation ne saurait être indifférente sur la portée anthropologique du dimanche. Le dimanche est à ré-évangéliser surtout dans notre contexte de sécularisation et de laïcité. L’homme doit reprendre le centre de la création dans une vie de solidarité. Car comme l’affirme Benoît XVI dans Africae munus: « la solidarité est garante de la justice et de la paix, de l’unité, de sorte que l’abondance des uns supplée au manque des autres » (n° 24).

CONCLUSION

       Au terme de cette analyse du chapitre IV : Dies hominis de la lettre apostolique Dies Domini du bienheureux Jean Paul II, force est de constater que le dimanche, jour du Seigneur, est aussi jour de l’homme. Car depuis la création, Dieu a mis l’homme au dessus de son œuvre créatrice en faisant de lui son image et sa ressemblance (Gn 2, 28). C’est pourquoi, ce dernier est appelé à vivre le dimanche jour du sabbat dans la joie, le repos et la solidarité en se référant toujours au Christ mort et ressuscité pour nous. Le dimanche devient ainsi un besoin inscrit au cœur de l’existence chrétienne, un besoin à faire reconnaître et valoriser dans toute la société. Car autant que nous avons besoin du travail pour vivre, autant notre vie humaine sans joie, ni repos, ni solidarité n’aura aucun sens et sans Eucharistie dominicale nous serons sans conscience bien formée comme souligne le pape Benoît XVI « Il apparaît clairement que participer à l’Eucharistie dominicale est requis par la conscience chrétienne en même temps forme celle-ci »[4].



[1] Marcus NDONGMO, A la découverte des dix commandements. Lecture contextualisée du Décalogue pour un renouveau social, presses de l’Ucac, Yaoundé, 2011, p.92

[2] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°2172

[3] Vatican II, Gaudium et Spes, n°67

[4] Benoît XVI, Exhortation post-synodale Africae munus, n°44, Libreria Editrice Vaticana, 2011

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de DOURWE Bernard
  • : Parlons de tout et de rien en toute vérité.
  • Contact

Profil

  • dourweber
  • Je suis ce que je suis.
  • Je suis ce que je suis.

Texte Libre

Recherche

Liens