Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mai 2021 5 07 /05 /mai /2021 19:42

Dans un contexte de la mondialisation marqué par des grands changements sociaux dus aux questions écologiques, aux mouvements des peuples et à la pandémie de la Covid 19 « qui a mis à nu nos fausses certitudes », le Pape François en la date du 3 octobre de l’année 2020, veille de la fête du ‘‘Poverello’’, la huitième de son Pontificat a signé la lettre encyclique FRATELLI TUTTI sur la fraternité et l'amitié sociale à Assise près de la tombe de saint François.

Cette encyclique est un texte majeur qui porte le thème de la fraternité et de l’amitié sociale. Après Lumen Fidei en 2013 et Laudato Si’ en 2015, c’est la troisième encyclique du Pape François. Cette lettre encyclique est adressée non pas seulement aux catholiques, mais aussi aux chrétiens, aux croyants d’autres religions, et aux hommes de bonne volonté. Il résume son intention en ces termes : « Les pages qui suivent n’entendent pas résumer la doctrine sur l’amour fraternel, mais se focaliser sur sa dimension universelle, sur son ouverture à toutes les personnes. Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots. Bien que je l’aie écrite à partir de mes convictions chrétiennes qui me soutiennent et me nourrissent, j’ai essayé de le faire de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté. » (Fratelli Tutti 6).

Le texte de 287 paragraphes est divisé en huit grands chapitres: Le premier, « Les ombres d'un monde fermé », est un constat assez sombre du manque de fraternité dans le monde de 2020. Le deuxième, « Un étranger sur le chemin », présente la figure du Bon Samaritain en insistant sur la notion de « prochain». Le troisième chapitre, « Penser et gérer un monde ouvert », propose l'exemple d'un amour universel qui permette l'avènement du droit des peuples. Le quatrième chapitre s'intitule « Un cœur ouvert au monde » et invite à faire dialoguer le local et l'universel, notamment dans le cadre des suites de la pandémie de 2020. Le cinquième chapitre, « La meilleure politique », renvoie dos à dos les échecs des populismes et du libéralisme, et invite à une autre voie. Dans le sixième chapitre, « Dialogue et amitié sociale », le pape reprend un thème qu'il affectionne, l'amitié sociale, dans lequel il oppose la rencontre et la bienveillance à la cruauté. Le septième chapitre, « Des parcours pour se retrouver », propose des chemins de construction de la paix, prenant notamment position contre la guerre, l'arme nucléaire et la peine de mort. Le huitième et dernier chapitre, « Les religions au service de la fraternité dans le monde », s'appuie notamment sur le document sur la fraternité humaine, co-signé le 4 février 2019 avec Ahmed el-Tayeb, recteur de la mosquée al-Azhar. François y insiste notamment sur le rôle positif des religions dans l'avènement de la fraternité humaine.

Outre l'appel à la fraternité humaine qui sous-tend l'ensemble du document, sept appels plus concrets sont recensés. Le premier est un appel à la réforme de l'ONU, afin d'éviter que l’autorité « ne soit cooptée par quelques pays » afin d'« éviter que cette organisation soit délégitimée, parce que ses problèmes ou ses insuffisances peuvent être affrontés ou résolus dans la concertation ». Le second est une réaffirmation de l’inadmissibilité de la peine de mort, affirmation qui n'est pas nouvelle ni dans la bouche de François ni sous la plume d'un pape. Le troisième appel concerne plus particulièrement l'Europe et l'invite à accueillir les migrants. Dans son quatrième appel, le pape condamne toute forme d’esclavage, y compris les formes modernes de l'esclavage, notamment visant les femmes, les personnes victimes de trafic d'organes et les travailleurs pauvres. Le cinquième appel est une admonestation visant à la fin de toutes les armes nucléaires. Le sixième est un rappel de la vocation de toutes les religions à la paix, et l'impossibilité pour elles de prôner la violence. Enfin, le septième appel vise à l'unité des chrétiens et rappelle l'urgence de celle-ci.

L’encyclique Fratelli Tutti, alors qu’elle se veut un cri d’alarme, ouvre à l’Esperance, qui pourrait apparaitre comme un idéal difficile à réaliser presque un rêve, mais se veut fonder sur le caractère raisonnable de l’humanité qui a la possibilité de construire, ensemble, un monde meilleur en trouvant force de fraternité et d’amitié sociale : « Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble. […] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères.» (Fratelli Tutti 8).

La fraternité et l’amitié sociale sont les voies indiquées par le Pape pour construire un monde meilleur, plus juste et plus pacifique, avec l’engagement de tous, peuples et institutions. Il rappelle avec force l’opposition à la guerre et à la mondialisation de l’indifférence en reconnaissant à toute personne sa dignité fondamentale d’enfant de Dieu.

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

Partager cet article
Repost0
30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 18:59
  1. Quelle foi chrétienne pour le jeune d’aujourd’hui ? Faut-il croire encore ou ne plus le faire au regard des contradictions observées dans le monde chrétien ?
  2. Dans quelle mesure les jeunes ont-ils intérêt à choisir le Christ dans un monde où s’estompent les valeurs humaines ?
  3. Comment renforcer la foi des jeunes dans un monde où tout va à l’excès ?

 

  1. Quelle foi chrétienne pour le jeune d’aujourd’hui ? Faut-il croire encore ou ne plus le faire au regard des contradictions observées dans le monde chrétien ?

Introduction

Il est indéniable de constater avec émerveillement et à même temps avec regret que nous sommes dans un monde en plein mouvement et mutation. Depuis ces dernières décennies, nous sommes marqués par le vent de la mondialisation ou de la globalisation qui se veut un processus de brassage culturel et de civilisation. Le monde est devenu par-là un village planétaire. La communication entre les hommes est devenue facile. Mais l’une des conséquences immédiates du rencontre avec la civilisation de l’autre est la perte d’une partie de mon identité culturelle. L’Afrique, le Cameroun et précisément notre Jeunesse n’ont été et ne sauraient aujourd’hui encore éviter cette rencontre avec la culturelle de l’autre, créant un choc culturel, un équilibrisme ou une aliénation ou encore une acculturation. Notre foi aujourd’hui se retrouve entrainer dans ce grand ensemble appelé mondialisation avec tous ses corollaires. Comment faire pour maintenir notre foi allumée ? Comment être sel et lumière dans ce monde ténébreux ? Vaut-il la peine de croire aujourd’hui vu que les chrétiens vivent dans les ténèbres ?

  1. Bref aperçu de notre monde actuel

Notre monde connait des bouleversants changements : la crise de valeur est sans cesse croissante, le mal est devenu bien et le bien devient de plus en plus mal. Sur le plan économique, les jeunes à la recherche du travail se retrouvent buter à de nombreuses difficultés : chaumage, paupérisation, délinquance juvénile. On note une pratique de nombreux fléaux sociaux (alcoolisme, tabagisme, dépravation des mœurs). Au niveau religieux nous avons la perte du sacré : Dieu est évacué de la religion, de la société au profit du syncrétisme religieux, l’émergence des cercles ésotériques, les sectes qui proposent la culture du moindre effort voire même la culture de la mort (promotion de l’avortement par exemple, l’utilisation des contraceptifs contre les MST, le mariage pour tous, l’homosexualité).

On assiste à une crise sociale et parentale sans pareille, de nombreuses familles monoparentales, la perte de la crainte de Dieu, la surconsommation des nouvelles techniques de l’information et de la communication. Les jeunes passent les longueurs de journée connectés sur les différents réseaux sociaux ( Facebook, Whatsapp, Imo, Twitter, Badoo, Twoo, Messenger, etc.). C’est le règne de l’individualisme, du relativisme, l’indifférentisme, du chacun pour soi, de l’oisiveté, du fainéantisme. L’autre n’est plus une fin en soi mais un instrument, un objet pour atteindre mes objectifs. Devant cet état de lieu qui semble catastrophique, y a-t-il encore des raisons de croire  surtout lorsque nous chrétiens sommes les acteurs de cette catastrophe apocalyptique?

  1. Les raisons de croire

La foi est adhésion à la révélation de Dieu qui veut se faire connaitre à nous pour nous manifester son amour. Elle est notre réponse positive à notre rencontre avec Dieu. La foi peut être aussi définie comme l’acte d’abandon à Dieu en toute confiance. Elle nous permet d’accéder à des réalités qu’on ne voit pas (Hb 11, 1). Elle est la lumière intérieure qui nous éclaire, qui nous montre la route à suivre. Jésus la présente comme la lampe placée non pas sous le boisseau mais plutôt au-dessus de la ville (Lc 11, 33), la petite graine de moutarde qui doit sans cesse croitre (Mt 13, 31-32). Son rôle est de nous conduire vers le Seigneur et vers les hommes. Comme lumière, elle nous permet de vivre en enfant de lumière au sein de ce monde de ténèbres. Comme sel de la terre (Mt 5,13-16), elle nous permet de donner le goût à notre humanité.

Mais malheureusement notre vie s’est éloignée de notre idéal chrétien.  Plusieurs parmi nous après la réception de leurs sacrements d’initiation chrétienne ont déserté l’Eglise pour se retrouver soit au quartier ou dans les sectes et ou églises dites réveillées. Nombreux qui sont présents dans la vie de l’Eglise mènent une vie non conforme aux exigences de l’Evangile. Dans nos églises, communautés et associations, nous assistons à des luttes incessantes pour des questions de leadership, honneurs, pouvoir, avoir, argent. Chacun veut se tailler sa part de morceau de gâteau. Etre témoin du Christ est devenu le dernier de nos soucis. Ce qui nous intéresse, c’est la chasse de nos intérêts égoïstes, créant scandales ici et là. C’est pourquoi c’est avec droit que les personnes qui nous regardent de l’extérieur se demandent bien s’il vaut vraiment la peine de croire ?

Comment croire en un Dieu amour, prêcher cet amour si nous sommes incapables de nous aimer comme des frères et sœurs ?  Comment annoncer le pardon en étant incapable de pardonner? Comment suivre un Christ humble et simple en étant pleins d’orgueil, de cupidité, de convoitise ? Comment expliquer au monde que nous sommes chrétiens engagés, en créant des divisions par-ci par-là, en côtoyant les marabouts, charlatans, occultistes, spiritistes ? Quelle foi pour notre monde d’aujourd’hui ? Quelle foi pour notre Jeunesse qui est marquée par les regroupements d’ordres ethniques ou de distinction de classe sociale et les camaraderies.

Oui effectivement nous devons nous interroger non pas sur notre foi mais plutôt sur la qualité de notre témoignage de foi ou de vie au sein de notre communauté paroissiale, de nos différentes associations et confréries et surtout dans les différents milieux de vie (à la maison, en classe, au lieu du service, du sport, au marché, etc.).

S’il est vrai qu’on ne met pas la lampe sous le boisseau, il est aussi vrai que notre vie de foi ne doit pas être cachée. Le monde a en effet le regard sur nous. Tous nos actes, nos paroles ne passent pas inaperçus. Nos détracteurs aiment surtout nous voir dans les situations de péchés pour profiter pour critiquer toute notre Eglise, notre communauté et nous-mêmes.

Notre foi n’est pas théorique. Il faut la vivre. Nous devons la pratiquer en étant sel et lumière. En effet, notre monde abandonné à lui-même a besoin de chacun de nous pour redonner sens à l’existence. De nombreux hommes et femmes sont perdus. Ils ne savent plus à quels saints se vouer. Nous devons donc leur montrer par notre vie, par notre façon d’être, de faire, d’agir de parler et de penser que Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie ( Jn 14, 6).

Père Bernard DOURWE, Rcj

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 16:47

LA SAINTETE DE SAINT HANNIBAL MARIE DI FRANCIA

Introduction : Qu’est-ce que la sainteté ?

Les sources scripturaires

La vocation à la sainteté trouve sens et source dans l’auto-communication de Dieu à l’homme. Depuis l’Ancien Testament, Dieu est défini comme étant essentiellement Saint et il veut partager sa sainteté avec l’homme (Lv 19, 2). Ce dernier pour y répondre doit mener une vie conformément aux exigences divines. Ces exigences se résument dans le commandement d’amour de Dieu et du prochain.

Le Seigneur Jésus maitre et modèle de toute perfection, a prêché la sainteté de la vie, dont lui-même est l’auteur et qu’il conduit à son achèvement, à tous et à chacun de ses disciples, quelque soit sa condition : « soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Il envoya à tous le Saint Esprit qui les incite intérieurement à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toutes leurs forces (Mc 12, 30), et à s’aimer les uns les autres comme le Christ les a aimés (Jn 13, 34)[1]

Les sources magistérielles

L’Eglise à travers son magistère a toujours encouragé les hommes à répondre fidèlement à cette noble vocation des enfants de Dieu. L’histoire de l’Eglise ne saurait nous démentir sur tous les moyens que l’Eglise n’a cessé de mettre en œuvre pour aider les hommes à parvenir à leur réalisation en Dieu. Plusieurs conciles, synodes, consistoires etc. sont revenus à maintes reprises sur ce thème. L’un des conciles fort évocateur est le Concile Vatican II. A travers la constitution dogmatique Lumen Gentium qui traite de la vie de l’Eglise, le magistère enseigne que la vocation à la sainteté est la vocation fondamentale et unique de tous les chrétiens. Pour y parvenir plusieurs chemins sont offerts : la vocation à la vie matrimoniale, la vocation à la vie sacerdotale/ religieuse. Ce second chemin est marqué essentiellement par la consécration à Dieu en vue du Royaume des cieux dans la recherche de la plus grande gloire de Dieu et le salut de tous les hommes. C’est dans cette voie que Saint Hannibal va glorifier Dieu et sauver son prochain dans une sanctification quotidienne, continuelle, croissante, constante, dynamique et va nous ouvrir ainsi un chemin nouveau de sanctification dans la sequela Christi du Rogate.

Saint Hannibal : un saint à la recherche de Dieu à travers le service du prochain

Toute la vie de Saint Hannibal a été fortement marquée par le désir de sainteté. Il ne va ménager aucun effort pour réaliser ce désir qu’il tenait au fond de son cœur. Sa vie, son enseignement et les témoignages en disent long.

  • La vie de Saint Hannibal

Dès sa tendre enfance, saint Hannibal va faire preuve d’une vie entièrement dévouée à Dieu ceci grâce à sa situation familiale qui lui permit de laisser en toute chose la première place à Dieu. Issue d’une famille pieuse et dévouée, le jeune Hannibal va très vite à la différence de ses congénères manifester une soif de Dieu. C’est dans ce sens qu’il obtiendra aussitôt la permission de son confesseur de communier fréquemment alors qu’il était encore adolescent. Chose rare à son époque.

Cette enthousiasme va très vite faire naitre en lui, dans cette société italienne, marquée par des grandes crises socio-religieuses, un penchant pour la couche la plus défavorisée notamment les pauvres, les orphelins et les petits, ces marginalisés de la société. Et pour se rendre tout à tous, il se laissera, promptement et de façon inattendue mais sûre, séduire par la voix du Christ : « Viens, suis-moi ». Cette sequela christi, pas à l’ordinaire, comme il aimait si bien dire, ouvrira pour toute la postérité de l’humanité, de l’Eglise et de ses œuvres, les portes du Rogate (Mt 9, 38 ; Lc 10,2) qu’il appréhendera comme le moyen le plus efficace de répandre dans le monde la charité évangélique, principe fondamental de toute sainteté. Toute sa vie sera alors une vie donnée, un sacrifice, une offrande, une immolation et un holocauste pour ce qu’il appellera ad majorem consolationen cordis Jesu.

Durant toute sa vie, le désir de sainteté sera son leitmotiv. Dès son adolescence, il prendra un goût particulier pour la lecture des hagiographies. On se souvient de son séjour au couvent des Pères de Maria SS ma di Porto Salvo, de ses nombreux voyages à la recherche des saints vivants à l’exemple de la voyante de Salette, de la propagande de la vie des saints comme Jean Bersmans dont il encouragea fortement l’imitation des vertus aux nombreux jeunes qui l’écoutaient dans ses sermons populaires. Il se nourrissait de la parole de Dieu, des sacrements. Et ne manquait pas de demander des prières pour sa conversion continuelle bien qu’étant toujours disponible au souffle de l’Esprit Saint qui était son premier guide et consolateur spirituel.

Toute sa vie est une école de sainteté. Il ne manquera pas de partager avec ses contemporains et toute sa famille spirituelle ce trésor découvert, cette perle rare qui vaut tous les prix. Ces enseignements en sont forts illustratifs.

  • L’enseignement de saint Hannibal sur la sainteté

A chacun occasion de sa vie, grande ou petite, Saint Hannibal n’a jamais manqué de prodiguer des enseignements, conseils, sagesses, astuces, exhortations sur la sainteté. Sa vie elle-même est un enseignement silence, discret et très efficace. A travers les Quarante déclarations et promesses, Saint Hannibal a voulu laisser à toute la postérité son héritage spirituel. Dans ce petit manuel, petit mais richissime en enseignement, on y trouve tout ce qu’il faut pour parvenir à la sainteté sans aucune embuche. Nous ne saurons faire ici une exégèse de peur de ne biaiser sa pensée. Mais nous découvrons dès la première déclaration le sens, l’objet et la finalité de toute vocation à la vie religieuse/sacerdotale surtout Rogationniste. Saint Hannibal dit ceci en effet :

Mon entrée dans cette Communauté est seulement due à la vocation que je ressens dans mon cœur. J’ai l’intention de me consacrer purement et simplement au Seigneur, de servir Dieu de toutes mes forces, en ne cherchant que ma propre sanctification et le bien suprême des âmes, par l’observance de la Règle et de la discipline, l’exercice des vertus religieuses, et le lien sacré de la Profession religieuse. Et cela avec l’aide de Dieu et de ma bonne volonté.

Saint Hannibal, à la suite de cette première déclaration, passe au peigne fin tous les contours notamment les vertus qu’il faut appréhender, intérioriser et pratiquer pour répondre à notre commune vocation de la sainteté. Pour parvenir à la sainteté, selon lui, il faut passer par un chemin de vertus. On peut énumérer entre autre : l’amour de Jésus et de Marie, l’amour des saints et des anges, l’amour des enfants et des pauvres, l’amour et le respect mutuel , l’amour et le respect envers toute la hiérarchie ecclésiale et des supérieurs, la pratique des dévotions, la pratique des vœux religieux de pauvreté, chasteté, obéissance et Rogate, la pratique de la mortification et ascèse, de l’humilité, l’acceptation des corrections fraternelles, l’acceptation des charges, le détachement avec les parents, la pratique et la vie dans les sacrements principalement l’Eucharistie et la confession etc.… Tous ces paramètres qu’il recommande à travers ses enseignements n’étaient pas que des idées ou conjectures mais il prit soin de les pratiquer toute sa vie. Il était, en effet, convaincu que la sainteté ne consiste pas dans les œuvres extraordinaires ni dans la pratique continuelle de la pénitence mais dans l’union divine : « Mon Jésus, mettez dans mon cœur la vraie sainteté qui soit de votre cœur, de votre esprit amoureux » et cette union divine s’exprimait par le vécu quotidien avec son prochain.

Les différents témoignages recueillis pour sa cause de canonisation nous sont précieux pour l’attestation de ces propos.

  • Les différents témoignages sur la sainteté de Saint Hannibal

Toute l’existence de notre père Fondateur est l’expression d’une vie christifiée, offerte à Dieu le Père grâce aux dons de l’Esprit Saint. De son vivant, saint Hannibal a toujours dans sa grande humilité refusé de se reconnaître comme un saint homme. D’ailleurs, il se disait n’être qu’un pauvre pécheur. Lorsque ses œuvres connurent d’énormes difficultés, il n’hésitait pas à affirmer que ces difficultés sont dues à ses nombreux péchés. Mais toute la ville et par la suite l’Eglise a reconnue très vite en lui un saint homme. Il fut lui-même, le premier, un bon ouvrier de l'Évangile et un prêtre selon le Cœur de Dieu. Sa charité, qualifiée de «sans calculs et sans limites», se manifesta avec des accents particuliers, notamment envers les prêtres en difficulté et envers les moniales et les plus faibles de la société.

Durant son existence terrestre, une renommée de sainteté, claire et authentique, l'accompagnait déjà, à tous les niveaux, si bien que lorsqu'il s'éteignit à Messine, le 1er juin 1927, réconforté par la présence de la Très Sainte Vierge Marie qu'il avait tant aimée durant son existence terrestre, les gens disaient: «Allons voir le saint qui dort». Encore vivant, son ami Don Orione disait à ses contemporains, « Si vous voulez voir un saint, allez là-bas à Messine ». Ses funérailles furent une véritable apothéose que les journaux de l'époque rapportèrent tous avec des articles et des photos. Le maire de la ville n’hésita pas à déclarer un deuil citadin avec les hommages funèbres dans toute la ville. Après cette reconnaissance civile et politique du rayonnement de la sainteté de notre Père, mort en odeur de sainteté, l’Eglise de Messine allait ouvrir un procès diocésain pour la cause de sa canonisation. Et plusieurs témoignages ont été recueillis sur sa vie. Nous avons par exemples ceux-ci :

Mgr Tommasso dit ceci :

Le père Hannibal était toujours en présence de Dieu et tout ce qu’il faisait était pour la gloire de Dieu. Il était une personne édifiante, l’homme doué de capacité contemplative et mystique. Il a indiqué une route exacte d’option préférentielle pour les plus pauvres. Durant toute sa vie sacerdotale, il chercha à faire le Rogate comme une prière universelle. Il est devenu un propagateur infatigable de ce commandement de Jésus.

Un autre évêque Mgr Paino Angelo donne ce témoignage : « en tous les rapports que j’avais avec lui, je restais toujours édifié en présence d’un saint. Tout le monde l’appelait saint. »

Les enquêtes vont être menées par toute l’équipe mise en marche pour mettre en lumière toute sa vie dans les moindres détails. Un résultat positif recueilli dans positio super vertus publiée en 1988 permettra l’avancée de cette noble cause. Les nombreuses prières adressées à Dieu le Père par son Fils Jésus Christ dans l’Esprit, pour l’attestation de sa présence parmi la cohorte des saints va aboutir à sa béatification le 07 octobre 1990 et le 16 mai 2004, le pape Jean Paul II qui l’avait béatifié le déclara Saint de l’Eglise Catholique romaine en le reconnaissant comme l'«authentique pionnier et maître zélé de la pastorale moderne des vocations», « le père des pauvres et des petits ».

Les grâces de sa vie, le nouveau chemin de sainteté qu’il a initié ne cessent de porter des fruits encore aujourd’hui. De telle sorte qu’à l’occasion du dixième anniversaire de sa canonisation, de nombreuses pétitions de part le monde entier sont parvenus au Vatican pour demander au Saint Père la grâce de faire de lui le patron des vocations. Cette initiative continue encore son chemin aujourd’hui.

Conclusion : De Saint Hannibal à nous

Hannibal fils de son temps nous rejoint encore aujourd’hui. Il a encore beaucoup à nous enseigner sur le chemin de la sainteté. Nous en sommes en effet les bénéficiaires de ses grâces et nous devons suivre ses pas pour parvenir également à la gloire du Père. Mais comment pouvons nous nous réapproprier son intuition et son inspiration ? Des réflexions peuvent fleurir et alimenter notre vécu quotidien. Mais avant d’ouvrir des brèches, il demeure que par notre engagement au sein de cette congrégation, la vocation à la sainteté doit être pour nous un impératif. Nous implorons en effet, tous les jours de notre vie, le Seigneur d’envoyer à son Eglise de nombreux et saints apôtres. Et notre charisme dans sa première déclinaison exige de nous d’être de bons ouvriers c’est-à-dire les saints apôtres. Ceci implique que, à l’image de Saint Hannibal, nous sommes appelés à nous laisser conformer au Christ. Etant christifiés, nous pourrons ainsi avec fierté, zèle et détermination irréprochable, reprendre aussi aisément ces mots de saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vit c’est le Christ qui vit en moi ». Alors, Le « soyez parfait » ne sera plus un impératif mais une réalité qui se vit au jour le jour, une vie dévouée au Père par le Fils et dans l’Esprit Saint sanctificateur pour les siècles des siècles.

 

 

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 20:06

LE  CHRIST L’UNIQUE NECESSAIRE

 

Préliminaire

Tout homme à un certain âge de la vie s’interroge sur le sens de sa vie. Que faire? Qui choisir ? Qui aimer ? Quel sens donner à ma vie ? Nous aspirons tous à être quelqu’un d’important dans la vie, avoir une garantie. Mais la réalité que nous constatons dans notre monde nous amène à nous retrouver dans une croisée de chemin à telle point qu’on ne sait plus à quel saint se vouer. Aujourd’hui encore le Christ se veut être la réponse à toutes nos questions. Il s’offre à nous comme l’unique nécessaire. Ainsi suivre le Christ c’est entreprendre un chemin nouveau pour la vie en abondance. C’est se mettre à l’écoute attentive et méditative de sa parole. C’est se laisser transformer par Dieu. Mais comment se présente-t-il au juste à nous ? Qu’attend-il de nous ? Comment nous laisser édifier par les hommes et femmes qui un jour ont accepté de tout laisser pour des chemins inconnus ? Avant de répondre à ces interrogations, laissons-nous entrainer à la découverte de l’unique nécessaire. Comme l’a fait Marie la sœur de Marthe à travers ce passage de Luc 10, 42 qui sera la lumière éclairant notre réflexion.

Découverte de la personne de Jésus Christ

La personne du Christ est unique : Dieu et homme ; il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes, l’unique voie d’accès à Dieu pour les hommes.

·          «  quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. » Gal 4, 4-5

·         « Tout fut par lui et sans lui  rien ne fut… Il était dans le monde et le monde fut par lui et le monde ne l’a pas connu. » Jn 1, 3.10

·         Jésus est le «  Fils de David » Mt 1 ,1 : il est le Messie annoncé ; il est le « fils d’Abraham » il est celui qui réalise la promesse faite au Patriarche. C’est ce que chante la Vierge à la fin du Magnificat : «  le Tout-Puissant… a porté secours a Israël son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, - ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, - en faveur d’Abraham, et de sa descendance à jamais » Lc 1, 54-55

·         Je suis l’Alpha et l’Omega, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » Ap. 22 ,13 . le mystère du salut trouve en lui son sens, comme l’indique Saint Paul aux chrétiens d’Ephèse. Eph 1 ; 3-10 ……………………………..

·         Jésus dont le nom signifie « Yahweh sauve » Mt 1 , 21 est le sauveur du monde. Il ne vient pas seulement pour le peuple d’Israël, mais pour tous les hommes.

·         Jésus n’affirme pas seulement qu’il est le Messie, il se présente, par son action et ses paroles, en qualité de Fils de Dieu : il révèle à ses disciples et interlocuteurs juifs qu’Il est, Lui-même Dieu ( Jn 10, 30 ; 14,11) et meurt pour s’être déclaré Fils de Dieu. Nous avons une loi et d’après cette loi il doit mourir : il s’est fait le Fils de Dieu (Jn 19 ; 7)

Saint Jean, résument sur ce point le message de Jésus et la foi de l’Eglise primitive, s’écrira :

« Au commencement le Verbe était  et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu...et le Verbe s’est fait chair…Nul n’a jamais vu Dieu : le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, l’a fait connaître » Jn 1, 1, 14, 18.

Le christ vit la pauvreté ; la souffrance et l’abandon dans l’acceptation continue de la volonté de son Père et l’amour des hommes, jusqu’au sacrifice suprême : de Riche il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir par sa pauvreté. 2 cor 8,9. Il est le pauvre dont le sacrifice procure le salut et à la suite duquel il faut se faire pauvre pour entrer dans le Royaume.

O Christ, tu nous es nécessaire !

Ô Christ, notre unique médiateur, tu nous es nécessaire pour entrer en communion avec Dieu le Père ; pour devenir avec toi, qui es son Fils unique et notre Seigneur, ses enfants adoptifs ; pour être régénérés dans l'Esprit Saint.

Tu nous es nécessaire, ô seul vrai Maître des vérités cachées et indispensables de la vie, pour connaître notre destin, la voie pour y parvenir.

Tu nous es nécessaire, ô notre Rédempteur, pour découvrir notre misère et pour la guérir ; pour avoir le sens du bien et du mal et l'espoir de la sainteté ; pour déplorer nos péchés et pour en obtenir le pardon.

Tu nous es nécessaire, ô frère aîné du genre humain, pour trouver les vraies raisons de la fraternité entre les hommes, les fondements de la justice, les trésors de la charité, le bien suprême de la paix.

Tu nous es nécessaire, ô Toi qui supportes nos douleurs, pour connaître le sens de la souffrance et pour lui donner une valeur d'expiation et de rédemption.

Tu nous es nécessaire, ô vainqueur de la mort, pour nous libérer du désespoir et de la négation et pour avoir des certitudes qui ne trahissent pas pour l'éternité.

Tu nous es nécessaire, ô Christ, ô Seigneur, ô Dieu-avec-nous, pour apprendre l'amour vrai et pour marcher dans la joie et dans la force de ta charité, le long du chemin de notre vie fatigante, jusqu'à la rencontre finale avec toi aimé, avec toi attendu, avec toi béni dans les siècles.


Ainsi soit-il[1].

Interprétation de Luc  10, 38-42

Cette page d'évangile pourrait être interprétée, et elle l'a été souvent, comme s'il y avait des métiers et des activités nobles et d'autres moins nobles, voire serviles. Comme si certains avaient en partage de pouvoir se consacrer à la contemplation, à la méditation, à la prière et à l'étude, tandis que d'autres devraient s'occuper du service et des choses matérielles.

On a souvent vu aussi dans cet évangile, une opposition générale entre l'action et la contemplation, et une affirmation de la supériorité de la contemplation sur l'action. Je crois pourtant qu'il ne s'agit pas exactement de cela dans cet évangile. Tout d'abord, le Christ ne reproche absolument pas à Marthe de s'occuper du service. Il n'est certainement pas dans la pensée du Seigneur de reprocher à Marthe son hospitalité, et les inévitables occupations que celle-ci entraîne. Aussi bien, ce n'est pas cela que Jésus lui reproche. Et Jésus ne dit pas qu'il faudrait uniquement s'asseoir à ses pieds pour le regarder et l'écouter, et que ce repos, cette contemplation ce loisir serait la seule chose importante, la seule chose qui en vaille la peine.

Jésus reproche, en réalité deux choses, à Marthe. Il lui reproche d'abord, de reprocher à sa sœur Marie son attitude, sa fascination devant le Christ Seigneur, de lui reprocher cette illumination, cet éblouissement de son cœur qui la tient comme prosternée aux pieds du Christ. C'est ce reproche de Marthe qui est une erreur, une faute. Non pas que Marthe a tort de servir. Marthe a tort de reprocher à sa sœur d'avoir découvert, dans le visage du Christ, son unique nécessaire.

La deuxième chose que le Christ reproche à Marthe, c'est de s'inquiéter et de s'agiter, donc de multiplier, en quelque sorte, les soucis du service parce que, elle le fait, non pas à partir de la source véritable de cette action et de ce service, mais elle le fait comme si ce service dépendait d'elle seule et comme si c'était seulement son inquiétude, son agitation et son labeur qui devraient lui permettre de réaliser la tâche certes totalement indispensable d'accueillir, de recevoir chez elle le Seigneur qui vient la visiter.

Jésus veut dire à Marthe que, pour tout le monde, il y a une seule chose qui est absolument nécessaire, et cette chose n'est pas une chose, c'est Quelqu'un, c'est Lui-même. L'unique nécessaire c'est Jésus-Christ. Et il faut, quelle que soit la vie que nous devons mener, que cette vie soit remplie, débordante d'activité, de service, que ce soient des activités domestiques, des activités professionnelles, ou bien au contraire que cette vie soit davantage tournée vers l'étude, vers la contemplation, peut-être vers la prière. De toute manière, quoi qu'il en soit, une seule chose est nécessaire, ou plus exactement un seul être est nécessaire : le Christ Jésus. Ce n'est qu'à partir du Christ Jésus, du Christ Jésus rencontré personnellement, pour qui on a pris le temps de le regarder, de s'approcher de Lui, de se laisser émerveiller par Lui, c'est seulement à partir du Christ ainsi rencontré, que toute activité, quelle qu'elle soit, peut prendre son sens, son rythme et sa vérité. Toute activité de travail domestique ou professionnel peut être transformée illuminée de l'intérieur et vraiment complètement modifiée par cette priorité de la présence du Christ dans notre vie.

Priorité de la présence du Christ qui n'exige pas que nous cessions nos activités, que nous les mettions entre parenthèses, que nous cherchions une vie de loisir et d'oisiveté, mais priorité donnée au Christ qui apporte avec elle la source réelle d'efficacité de notre action. Car, notre action, quelle qu'elle soit, n'est pas efficace seulement par les talents que nous y déployons, par le souci que nous y mettons, et certes tout cela est nécessaire, mais la seule chose vraiment nécessaire, la seule chose vraiment indispensable c'est d'enraciner cette activité dans la présence du Christ en nous, et au cœur même de cette activité, la plus matérielle soit-elle.

Si le Christ est avec nous, réellement présent, continuellement présent, alors s'établit en nous une signification nouvelle de toutes choses. Nous ne nous agitons pas simplement pour réussir telle ou telle œuvre, telle ou telle opération mais nous la faisons pour le Seigneur, avec Lui, à partir de Lui. Et par conséquent non plus dans l'inquiétude dans l'agitation, dans la dispersion, mais dans la paix, dans le calme et la certitude et surtout dans l'amour. De la même façon que seul l'amour peut donner un sens, une valeur aux activités quotidiennes, les plus humbles, les plus matérielles, les plus concrètes, seul l'amour aussi peut donner un sens à l'immobilité, à la prière et à la contemplation de Marie. Que serait une prière, que serait un temps de répit, que serait un temps de pèlerinage, de contemplation si ce n'était pas, d'abord, et uniquement, l'amour du Christ, la présence du Christ au cœur de notre cœur ? Et ceci n'exige pas que le reste de nos activités soit mis entre parenthèses, soit interrompu, que nous nous consacrions entièrement, physiquement à l'immobilité. C'est notre cœur qui doit être immobile. Non pas immobile parce que nous ne faisons rien, mais immobile parce que nous sommes fixés dans le cœur du Seigneur, que nous sommes véritablement proche de Lui et que son amour se communique de son cœur à notre cœur et que Lui seul peut effectivement donner sens et paix à toute notre vie.

Alors, quelles que soient nos obligations, quel que soit notre style de vie, quelle que soit la manière dont nous devons nous conduire que nous ayons à accueillir du monde chez nous, ou au contraire que nous jouissions, par chance, par privilège de certains loisirs pour nous cultiver, ou vaquer à la contemplation, quoi qu'il en soit, une seule chose est nécessaire : c'est que l'amour du Christ se répande en notre cœur parce que notre cœur est présent au cœur même du Christ qui se rend présent à nous en venant nous visiter.

Que nous soyons Marthe ou Marie, sachons découvrir cet unique nécessaire, sachons mettre le Christ au centre de notre vie.

Nous allons considérer la question d’avoir ‘la chose’ nécessaire en nous tournant vers une autre partie de l’enseignement du Christ. Quelques chapitres plus loin en Luc, Luc 18.22, nous trouvons un individu à qui il manquait aussi ‘une chose’ essentielle. Il s’agit du jeune homme riche. Celui-ci accourut vers Jésus pour lui poser une importante question au v. 18. Bon maître, que dois–je faire pour hériter la vie éternelle? Jésus lui rappela alors quelques-uns des dix commandements. ‘Je les connais,’  répondit le jeune homme, ‘et à ma connaissance, je les ai tous observés depuis ma jeunesse.’

Remarquez maintenant la réponse de Jésus au v. 22.

Luc 18.22. Jésus, ayant entendu cela, lui dit : Il te manque encore une chose : vends tout ce que tu as, distribue–le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis–moi.

‘Il y a encore une chose qui te manque.’ Pourtant, cet homme semblait avoir tout dans la vie. Il avait de l’argent. Il était pieux. Il a su observer tous les commandements. Il avait tout, sauf ‘la chose’ la plus importante. Bien malheureux est celui qui a toute sorte de choses mais qui ne possède pas celle qui compte le plus. L’homme qui a la seule chose nécessaire est vraiment riche, spirituellement riche – même s’il n’a que cette chose et rien d’autre.

‘Il te manque encore une chose, la seule qui soit vraiment nécessaire.’ Quelle est cette chose? Vends tout ce que tu as, distribue–le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis, viens, et suis–moi. ‘La chose qui te manque c’est de Me suivre en renonçant à tout ce que tu possèdes.’

Évidemment la vie éternelle ne s’obtient pas par la simple liquidation de ses biens terrestres. Dans ce cas particulier, elle a été demandée car Jésus savait que l’attachement de ce jeune homme à ses avoirs l’empêchait de confier sa vie à Dieu. Il avait fait de ses richesses son dieu. Jésus l’a alors placé devant un choix : il ne pouvait pas avoir la vie éternelle tout en conservant ses trésors matériels. Ceux-ci ont des objectifs opposés face auxquels un choix s’impose. Chaque fois que nous aimons quelque chose plus que Dieu, nous montrons que nous n’avons pas ‘la chose’ qui soit vraiment nécessaire – un cœur tout entier pour Dieu, un cœur disposé à renoncer à tout pour Dieu.

Avoir de l’argent n’est pas une mauvaise chose en soi. Jésus ne commande pas à tout le monde de se débarrasser de leurs biens. L’ordre de vendre pour le disciple doit être pris dans le sens de se séparer de tout ce qui devient ou qui risque de devenir plus important que Dieu. Rien ne doit le distraire de sa relation avec Dieu. Donc dans ce passage, le concept de la ‘chose nécessaire’ qui faisait défaut au jeune homme riche concerne une attitude qui accepte de renoncer à tout pour ne poursuivre qu’un seul objectif : suivre Jésus et obéir à sa parole.

Ecouter la Parole de Dieu à l’école de la Vierge Marie

Ecouter la parole de Dieu, c’est l’accueillir et la faire sienne.

C’est en écoutant la Parole de Dieu que Marie reçue la grâce de l’engendrer. Marie a gardé le Verbe jusqu’à la Croix ; jusqu’à en être transpercée. Elle a conformé toute sa vie au Christ. Elle l’a suivi partout, non pas symboliquement, mais en vérité, en pratique. Elle a été présente durant toute la vie cachée : c’est elle qui a accueilli et gardé Jésus en sa maison, devenant ainsi  pour nous le model parfait  de la vie intérieure la plus intense. Ensuite, pendant  sa vie publique, elle a accompagné Jésus sur les routes, sur les chemins. Elle l’a suivi, non pour être à ses côtés, ce qui n’engage pas encore pleinement, mais pour conformer toute sa vie à celle de son Fils, pour vivre de ses paroles, pour prendre modèle sur chacun de ses actes, pour l’imiter en tout ; enfin pour lui être « configuré ».  Car elle ne s’est pas contentée d’entendre ; d’écouter, d’accueillir la parole. En l’observant ;  Marie a voulu en vivre. Elle a voulu mettre en pratique. La Parole de Dieu est vie. Marie l’a si bien compris qu’elle a vécu pleinement toute sa vie, et elle y est restée fidèle.

 

Les apôtres à la suite du Christ

Le peuple d’Israël dans l’attente de la réalisation de la promesse de Dieu d’envoyer un Messie pour libérer son peuple opprimé va trouver en Jésus le Fils de Dieu, Dieu fait chair. Ainsi une foule immense va se mettre à sa suite. Parmi ceux qui le suivaient, il appellera certains à le suivre de près ce sont eux qui s’appellerons les disciples puis les apôtres. Ecoutons le récit de la vocation de quelques uns dans la rechercher de l’unique nécessaire.

·         Vocation de Pierre, Jacques, Jean, André, Matthieu

 

Le cas de Saint Paul nous est bien éloquent

Le texte de saint Paul dans l'épître aux Philippiens est un des très grands textes du Nouveau Testament pour comprendre ce qu'est la vie chrétienne. Il ne s'agit pas d'accumuler les richesses, fussent les richesses spirituelles. La vie chrétienne, c'est la recherche de l'unique nécessaire, de la seule richesse, c'est-à-dire le Christ lui-même. Si nous cherchons à rejoindre le Christ, alors, tout le reste nous apparaît comme négligeable et sans importance. Il ne s'agit pas de collectionner les vertus, de collectionner les dons et les capacités, mais il s'agit de trouver le Christ. Saint Paul dit : "Je considère tout comme désavantageux au regard de la supériorité du Christ Jésus mon Seigneur. A cause de lui, j'accepte de tout perdre afin de gagner le Christ et d'être trouvé en lui non pas en ayant une sainteté qui me viendrait de moi-même, mais la sainteté qui vient par la foi au Christ Jésus".

Par conséquent, la vie chrétienne comme le dit saint Paul, consiste à mourir comme le Christ pour ressusciter avec lui. Mourir non pas comme une fin de toutes choses, mais mourir comme un don, c'est-à-dire en offrant à Dieu, au Christ, tout ce qui remplit notre vie afin de pouvoir recevoir de lui la seule vie qui compte, la vie de sa résurrection.

Saint Paul résume ceci dans une phrase étonnante: "Je poursuis ma course pour tâcher de saisir le Christ, ayant été moi-même saisi par lui". Voilà tout le mystère de la vie chrétienne : être saisi par le Christ. Que la main du Christ prenne en sa main notre vie, notre cœur, notre pensée, tout notre être, tout ce que nous sommes, être saisi par lui, attirés par lui, pour pouvoir le saisir, c'est-à-dire être remplis de la seule richesse qui compte, qui est la présence du Christ et son amour. Ceci c'est une dynamique, un élan, un effort qui ne cesse jamais. Saint Paul le dit : "Je ne me flatte pas d'avoir déjà saisi. La seule chose que je puisse dire c'est qu'oubliant tout le chemin parcouru, n'étant pas là pour me glorifier des étapes franchies, pour faire étalage de toutes les grandeurs acquises, oubliant le chemin parcouru, je vais droit de l'avant, tendu de tout mon être et je cours vers le but qui est le Christ Jésus".

C'est cela la vie chrétienne, ce n'est rien de moins, mettre toute notre énergie, tout notre élan, toute notre dynamique pour atteindre le Christ parce qu'il n'y a que lui qui puisse combler notre désir, qui puisse remplir notre attente, et être pour nous le but, la richesse, la vérité.

 Apprenons à faire comme Paul. Apprenons à fixer imperturbablement notre regard sur le but à atteindre, le but étant de connaître intimement Christ dans la joie comme dans la souffrance.

Paul nous révèle qu’il a fait de ce but sa seule pensée, son unique affaire. En quoi consistait ce but? Il voulait obtenir au terme de sa course une communion parfaite avec Christ. C’est à cela qu’il a consacré sa vie entière. À ce titre, il est un exemple de celui qui possède ‘la chose nécessaire.’

‘J’ai cumulé beaucoup de choses. Je suis un Hébreu descendant d’Hébreux. J’ai reçu une formidable éducation. J’ai été instruit aux pieds de Gamaliel, le plus grand enseignant de son temps. J’ai toujours été plein de zèle pour Dieu. Depuis mon enfance, j’ai suivi scrupuleusement la loi.’ Mais contrairement au jeune homme riche, il oublia toutes ces choses. Il oublia les choses qu’il considérait comme étant un gain, mais aussi ses manquements et ses souffrances. Et maintenant, à la manière d’un coureur qui se précipite sur la ligne d’arrivée, il tend de tout son être vers le but.

Paul décrit sa vie spirituelle sur deux plans : oublier les choses qui sont derrière lui, et s’avancer vers ce qui est devant. Notez la grande concentration de cet homme. ‘Une seule chose m’intéresse.’ Toute son énergie convergeait vers un point unique, i.e., l’accomplissement de ‘la seule chose importante’ pour lui.

Philippiens 3.13. Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant,

14 je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus–Christ.

L’apôtre Paul en est un qui ne se laisse pas détourner de son chemin lorsqu’il a un but dans la tête. Il l’exprime de belle façon en Philippiens 3.13-14 où il discute de ‘la seule chose’ qui compte pour lui.

«j’ai fait la perte de toutes choses pour le connaître lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances» (Phil. 3:8-10). L’objet qui était dans son cœur et dans son âme, c’était Jésus lui-même. Est-ce cet objet-là qui nous gouverne, chers amis ? Est-ce que c’est Jésus lui-même qui est le désir, la faim et la soif, de notre cœur ?

 

Les Saints de notre temps

L’exemple de Saint Hannibal Marie Di Francia

 

Toi aujourd’hui   

Nous sommes appelés a aimer et servir Dieu. C’est là notre vocation. Le Christ vient nous le révéler en nous montrant le chemin à suivre. C’est un chemin qu’il faut oser entreprendre en acceptant de nous conformer à ses exigences. Parmi ces exigences nous notons

-          La foi en Jésus

« Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Mais a tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir  de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom » Jn1, 11-12.

Cette foi est en la personne du Christ. Cette foi est l’accueil de la Parole de Dieu. C’est une foi remplie d’espérance et de charité.  Elle inclut l’acceptation de la volonté de Dieu exprimée dans la Parole et le message du Christ. Dans cet aspect d’engagement, la foi ne serait pas totalement sincère : « recevoir le christ’ c’est adopter devant Lui une attitude religieuse qui engage toute la personne et toute la vie ; la vraie foi, la seule authentique, implique le don total de sa personne à celle du Christ ».

-          Pour suivre le Christ l’unique nécessaire, il faut tout abandonner, tout laisser et tout quitter  pour  s’attacher fermement à lui (Lc 12, 22-32 ; Mt 8, 18.22), se reposer  en lui car son joug est facile et son fardeau est léger  Mt 11….. ceci passe par un chemin de joie et de souffrance à la recherche incessante de la volonté de Dieu.

« Que celui qui veut se faire grand parmi vous se fasse votre serviteur » Mt 20, 26.

-la conversion est donc aussi nécessaire

« La conversion consiste, à accepter librement et avec amour de dépendre en tout de Dieu, notre véritable Créateur, de dépendre de l’amour. Ce n’est pas dépendance mais liberté. Se convertir signifie alors ne pas rechercher      un succès personnel […] mais, en abandonnant toute certitude humaine, se mettre avec simplicité et confiance à la suite du Seigneur pour que Jésus devienne pour chacun, comme aimait le répéter la bienheureuse Teresa de Calcutta, ‘‘mon tout en toute chose’’.

« Celui qui se laisse conquérir par Lui ne craint pas de perdre sa vie, car sur la Croix il nous a aimés et s’est donné lui-même pour nous. Et précisément en perdant notre vie nous la retrouvons. »[2] Écrira le Pape Benoît XVI

« Je suis la joie de l’âme lassée, la musique qui apaise le cœur troublé, la santé du corps malade,  la richesse de l’indigent, le pain de l’affamé, le refuge du sans abri, le réconfort de celui qui est arassé, l’amour qui console le solitaire. »

-          Il faut la mort de soi, du moi pour laisser le Christ vivre en nous.

-          Nous aurons en retour le centuple et les persécutions  Mc 10, 29-30

-          Accepter de tout perdre ce que nous avons pour acquérir quelque chose de plus grand. Mt 10, 37-39 ; (Mt 13, 44-45) Parabole du trésor et de la Perle Rare.

Accorde-moi, ô Jésus très doux et plein d’amour, de me reposer sur toi

Par-dessus toute créature,

Par-dessus tout bien-être et toute beauté,

Par-dessus toute gloire et tout honneur,

Par-dessus toute puissance et toute dignité,

Par-dessus toute science et toute finesse d’esprit,

Par-dessus toutes les richesses et tous les arts,

Par-dessus toute joie et tout divertissement,

Par-dessus toute réputation et toute louange

Par-dessus toute douceur et toute consolation,

Par-dessus toute espérance et toute promesse,

Par-dessus tout mérite et tout désir,

Par-dessus tous les dons et toutes les grâces

Que tu peux donner et répandre,

Par-dessus toute joie et toute allégresse que l’esprit peut saisir et sentir,

Par-dessus dessus les anges et les archanges

Et par-dessus toute la milice du Ciel,

Par-dessus les choses visibles et invisibles,

Par-dessus tout ce qui n’est pas toi mon §Dieu.

Parce que toi, Seigneur est mon Dieu,

Tu es le meilleur  au-dessus de tout ;

Toi seul, tu es le Très-Haut ;

Toi seul tu es le Tout-Puissant,

Toi seul tu es la plénitude même qui se suffit à elle-même,

Toi seul, la douceur et la consolation suprême ;

Toi seul l’excellence et la gloire  par-dessus tout,

Toi en qui tous les biens, ensemble dans leur perfection, se trouvent, se sont trouvés et se trouveront éternellement.

C’est  pourquoi  est petit et insuffisant

Ce que tu me donnes en dehors de toi         

Ou ce que tu me révèles de toi

Ou ce que tu me promets, si je ne te vois pas et si je ne te possède pas pleinement.

Car, assurément,  mon cœur ne peut pas jouir d’un véritable repos nui être parfaitement contenté s’il ne peut se reposer en toi et s’élever au-dessus de tous les dons et toutes les créatures. » [3]

Aussi louable que puisse être le service chrétien, il est plus important d’être tout entier à écouter les paroles de Jésus et apprendre sa volonté que d’être zélés dans les œuvres du royaume de Dieu mais distraits par ses exigences. Voilà en essence ce que le Seigneur Jésus affirme en Luc 10.38-42.

Chercher premièrement le Royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné en surcroit. Mt 6,33

Le christ est le secret de la vraie liberté et de la joie profonde du cœur.

«  Je vous encourage à mettre Jésus-Christ au centre de toute votre vie par la prière, mais aussi par l’étude des Saintes Ecritures, la pratique des Sacrements, la formation à la doctrine sociale de l’Eglise, ainsi que par votre participation active et enthousiaste aux rassemblements et aux mouvements ecclésiaux. »  « Appuyer vous sur le Christ, prenez-le pour modèle, écoutez sa Parole en la méditant régulièrement […] celui qui fait entrer le Christ dans sa vie, ne perd rien, rien-absolument rien de ce qui rend la vie libre,  belle et grande. Non ! Dans cette amitié seulement s’ouvre largement les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se libèrent réellement lez grandes potentialités de la condition humaine. Chers jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien, et il donne tout.  Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui,  ouvrez, ouvrez tout grand les portes au christ- et vous trouver la vraie vie. »[4]

 

 



[1] Serviteur de Dieu Paul VI,
Pape - 1897 - 1978

[2] Benoit XVI,  mercredi des Cendres 21 février 2007

[3] L’Imitation de Jésus-Christ,  Chap. XXI qu’il faut se reposer en Dieu par –dessus tout bien et tout don.

[4][4] Benoit XVI, Africae Munus

Partager cet article
Repost0
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 22:30

LE MAGNIFICAT DE MARIE

Le cantique du Magnificat, qui est une profonde méditation de l’histoire, s’élève à une expression parfaite de la spiritualité de la libération : joie et action de grâce pour l’intervention de Dieu qui libère les prisonniers et humilie les puissants, solidarité avec les pauvres, espérance active dans le changement du monde en vue de l’alliance (cf. Lc 1, 46-55). Le chrétien qui tient les yeux fixés sur Marie ne peut être complice des injustices du monde, ni se limiter à lui rendre hommage et à la prière,  mais, il doit prendre parti pour le Dieu des pauvres, et s’engager dans un amour politique envers eux, afin de contribuer à la libération du monde de toute injustice.

Le Magnificat inspiré du cantique d’Anne est devenu un chant de libération contre toute injustice et toute tyrannie, l’hymne d’une grande révolution de l’espérance qui sort de la neutralité pour œuvrer avec le Dieu de Marie du côté des pauvres.

Pauvreté (Lc 1, 48), service (Lc 1, 38.48), crainte de Dieu (Lc 1, 29.50), conscience de sa propre fragilité (Lc 1, 52), sens de la justice ( Lc 1, 53), solidarité avec le peuple de Dieu (Lc 1, 52-55), foi (Lc 1, 28.47), ouverture et disponibilité au plan divin ( Lc 1, 38.51), confiance dans la réalisation de la promesse de Dieu fidèle et miséricordieux (Lc 2, 19 ; 2,51), attestent la profondeur du sentiment religieux de Marie, en accord avec la piété biblique.

Dans le Magnificat,  Marie attend le sauveur ainsi que la manifestation de la puissance et de la bonté de Dieu dans la foi, la disponibilité, l’humilité, la gratitude, la joie et l’espérance. Son chant est le chant des pauvres rassemblés  de tous les points de l’histoire biblique, le chant de tout le véritable Israël spirituel, héritier des bénédictions messianiques.

Dans le Magnificat, Marie célèbre un fait nouveau, le royaume de Dieu est là. Elle s’y montre toute entière au service du peuple de Dieu. En elle et par elle,  le salut est annoncé,  la promesse accomplie, dans sa propre pauvreté le mystère des béatitudes se réalise.

Accueillir Marie dans sa vie reste un signe d’ouverture au don de Dieu offert au disciple de Jésus, pour donner de plus en plus force de maturité et de persévérance à son amour pour lui.

 

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 13:04

LA CHASTETE COMME PUISSANCE D’AMOUR.

L’être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu est doté d’une vocation fondamentale qui trouve son origine et sa finalité en Dieu : la vocation à la sainteté dans l’amour. Pour y parvenir à sa réalisation, il doit opérer un choix de vie selon les dons reçus. Certaines personnes sont conviées à la sainteté au moyen de la vie matrimoniale. D’autres par contre répondent au Seigneur à travers la consécration à la vie religieuse et/ou sacerdotale. Cette dernière qui se veut une suite radicale du Christ pauvre, chaste et obéissant exige du consacré une vie d’obéissance, de pauvreté et de chasteté dans le célibat. Mettant ainsi en exergue la chasteté qui est une caractéristique fondamentale pour la sequela christi. Celle-ci fait appel à l’amour d’où une nécessité pour nous d’examiner le rapport de la chasteté avec l’amour. En effet, peut-on parler de chasteté sans amour ? La puissance d’aimer manifestée par les consacrés ne découle-t-elle pas de la chasteté ?

Tout d’abord, parler de chasteté ne relève pas seulement du domaine de la vie consacrée et/ou sacerdotale. Tous les chrétiens sont appelés à mener une vie chaste, chacun selon sa vocation. La chasteté est la vertu qui nous permet d’intégrer notre sexualité. Elle n’est pas seulement pour les consacrés mais pour toute personne qui veut bien vivre sa sexualité. Elle nous permet de vivre notre sexualité de façon liberante et d’être uni à l’amour de Dieu qui dépasse toutes les dimensions de l’amour humain. Ainsi la chasteté concerne à la fois les mariés et les célibataires. Tel est l’enseignement de l’Église

« Ceux qui sont unis dans le mariage sacramentel sont un signe visible de l’amour de Dieu pour l’Église et de l’amour de Dieu pour l’humanité. Ils nous rappellent tous l’amour de Dieu, et le fait que tout amour vient de Dieu, car <<Dieu est Amour>>[1]. Et tout amour devrait ramener à Dieu. Les célibataires pour leur part, tout en renonçant au mariage, ne renoncent pas a l’amour. Ils sont témoins d’une façon spéciale de ce plus grand amour du Christ, dont le mariage lui-même est un signe. Ils rappellent à tous que l’amour conjugal, tout sacré qu’il est, est transitoire comme un moyen  vers cet amour parfait de Dieu et du prochain que nous devons nous efforcer d’atteindre et qui sera parfait dans la vie éternelle. L’amour conjugal et la chasteté parfaite doivent tous deux diriger le cœur vers l’éternité et l’amour accompli. Telle est la réalité à laquelle se rapporte la signification sacramentelle du mariage, comme aussi la vie de ceux qui se sont voués à la chasteté parfaite […]. Aussi, les vocations au mariage et au célibat, loin de s’opposer, se soutiennent à l’intérieur de la vocation chrétienne fondamentale qui est de rechercher la sainteté dans l’amour. »[2]

Les personnes consacrées, pour répondre pleinement à cette vocation à la sainteté dans l’amour se consacrent au Seigneur à travers les vœux de chasteté, pauvreté et obéissance. La profession du vœu de chasteté c’est se donner effectivement et affectivement sans division au Christ comme le principe unificateur de tout l’être et de toute la vie. Dans une communion intime et personnelle d’amour avec lui qui nous appelle, en manifestant par le désir ardent de le connaître, de partager sa pensée, ses intentions, ses préférences, son amour pour le Père et pour les petits et sa croix.[3] Ainsi, le célibat n’est pas une renonciation de l’affectivité et de l’amour. C’est la consécration à l’amour radical sans la médiation de la génitalité pour l’amour de Dieu et du prochain.

Le consacré promet le vœu de chasteté dans le célibat en vue du Royaume de Dieu. L’homme ne peut vivre sans amour, l’amour du consacré doit sans cesse être alimenté par l’amour de Jésus et orienté vers Dieu. L’amour de chasteté est un don que le Christ fait dans sa grande tendresse au consacré pour aimer toute personne en Lui. C’est un amour exigeant donné comme un trésor dans les vases d’argile. Cet amour a quelques caractéristiques spécifiques. Ce n’est pas un amour exclusif et possessif mais un amour ouvert à l’universel et à l’oblation, différent de l’amour conjugal.[4] L’amour de Dieu des consacrés se vit dans la relation avec ses créatures et devient donc un amour inclusif ou il ne faut exclure personne en particulier les marginalisés et les abandonnés de la société.

L’amour pour être total a besoin d’un renoncement ainsi le célibat ne comporte pas seulement la continence sexuelle et la renonciation à l’amour conjugal, mais aussi la renonciation à la paternité et à la maternité charnelle pour parvenir à l’amour spirituel, l’amour divin. C’est renoncer aux projets d’édifier une famille, avoir des enfants pour une nouvelle dimension de fécondité qui est la fécondité spirituelle. C’est renoncer au mariage pour aimer toujours plus mieux et toujours plus bien la personne du Christ dans sa totalité. Ceci implique une certaine conformation à l’amour du Christ et une imitation du célibat du Christ.

Le Christ, en effet, est le modèle de toute vie chaste. Jésus a aimé inconditionnellement tout le genre humain et s’est livré pour tous sans exception aucune et nous invite à aimer comme lui en nous offrant totalement car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime». Il va manifester ce don d’amour en prenant chair de notre chair par son incarnation jusqu'à mourir de la façon la plus ignoble qui puisse exister : mourir sur la croix. Ainsi en Jésus nous voyons le modèle insurpassable et irremplaçable de l’amour comme don de soi ceci grâce à la chasteté qu’il vécut durant toute sa vie de façon concrète sans faire abstraction de son affectivité qu’il manifesta surtout envers les petits, pauvres, malades et pécheurs qui venaient à lui ou qu’il partait à leur rencontre.

En outre, la chasteté est don de Dieu pour le service. C’est avoir le cœur indivisé, uni au Christ et à son Église. C’est pour aimer que le consacré vit la chasteté. Il renonce à l’amour pour l’amour parfait ainsi, la chasteté qui ne conduit pas à l’amour est vaine et sans aucun sens. C’est pourquoi le célibat des consacrés devient le stimulant de la charité pastorale. Il fait croitre la charité pastorale et ouvre à aimer les autres dans leur besoin. Cette considération retentira pendant le Concile Vatican II qui déclarera que :

« la chasteté <pour le Royaume des cieux>[5] dont les religieux font profession, doit être regardée comme un grand don de la grâce. Elle libère singulièrement le cœur de l’homme[6] pour qu’il brûle de l’amour de Dieu et de tous les hommes ; c’est pourquoi elle est un signe particulier des biens célestes, ainsi qu’un moyen très efficace pour les religieux de se consacrer sans réserve au service divin et aux autres œuvres de l’apostolat. »[7]

La chasteté donne à l’amour fraternel le caractère de la délicatesse attentive et joyeuse. Elle permet de s’ouvrir à l’amitié vraie. Elle donne les forces et les capacités d’aimer tous ceux que la providence divine nous envoie. C’est le don de Dieu d’un cœur sans partage pour Dieu.

Par la chasteté, les consacrés deviennent signes visibles d’amour de la tendresse de Dieu pour l’humanité. Ainsi La virginité consacrée est totalement justifiée par l’amour et orientée vers l’amour. C’est la disposition à mieux aimer. C’est la libération pour un amour plus grand c’est-à-dire que toutes les forces, affectives et spirituelles sont consacrées à tout le monde. Cette force d’aimer est un temoignage qui doit être réitéré dans notre monde actuel comme nous le rappel bien le Bienheureux Jean Paul II dans son encyclique Vita Consecrata :

«La réponse de la vie consacrée réside d’abord dans la pratique joyeuse de la chasteté parfaite, comme témoignage de la puissance de l’amour de Dieu dans la fragilité de la condition humaine. La personne consacrée atteste que ce que la majorité tient pour impossible devient avec la grâce du Seigneur Jésus, possible et authentiquement libérant. Oui, dans le Christ il est possible d’aimer Dieu de tout son cœur, en le plaçant au-dessus de tout autre amour, et aimer aussi toute créature avec la liberté de Dieu !  Voilà l’un des témoignages qui sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais, précisément parce qu’il est si peu compris par le monde. Il est offert à toute personne – aux jeunes, aux fiancés, aux époux, aux familles chrétiennes- pour montrer que la force de l’amour peut opérer de grandes choses à l’intérieur même des vicissitudes de l’amour humain. C’est un temoignage qui répond aussi à un besoin croissant de transparence dans les rapports humains.»[8] 



[1] 1 Jn 4, 16

[2] L’enseignement du Christ. Catéchisme catholique pour adultes. Ed. Tequi, Paris, 1978, pp. 521-522.

[3] J. Auby et al. Vita consecrata. Un dono del Signire alla sua chiesa, editrice Elle Di Ci, leumann, 1993 , P. 244

[4] Felicismo Martnez Diez, Refondare la vita religiosa. Vita carismatica e mission profetica. Ed. Paoline, , Milano, 2001, p.220

[5] Mt 19,12

[6] 1 Co 7: 32-35

[7] Vatican II, Perfectae Caritatis. n°12

[8] Jean Paul II, vita Consecrata, n° 88

Partager cet article
Repost0
21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 17:40

LA NECESSITE DE LA FOI POUR LA JEUNESSE DE NOTRE SOCIETE EN PERTE DE REPERE.

 

 

La période de la jeunesse communément  confondue à l’adolescence, qui est une période située entre l’enfance et l’âge adulte, a toujours été marquée par de nombreux changements tant sur le  plan psychologique que physiologique dus à l’entrée à la puberté du jeune adolescent.  C’est le temps de la découverte progressive de soi et, en particulier de son identité sexuée. Cette découverte tient compte de l’aspect spirituel du jeune chrétien donc sa foi. Cette foi ne peut être vécue qu’au sein du groupe, de la société.  Mais la réalité quotidienne nous révèle des mutations énormes qui engendrent la perte de repères sociaux. D’où cette interrogation qui nous revient à juste titre sur la nécessité de la foi pour le jeune dans notre société en perte de repère. En fait, pourquoi est-il important pour les jeunes chrétiens que nous sommes  de vivre notre foi dans cette société en pleine mutation ?

Tout d’abord, un constat s’impose à nous : la société change. Elle connaît des évolutions dans tous les domaines de la vie tant  positifs que négatifs touchant au plus profond la dignité de la personne humaine.

Nous vivons dans un monde qui nous fait miroiter un bonheur. Mais quel bonheur ? Un bonheur éphémère, avec des plaisirs passagers qui souvent apparaissent comme étant suffisant, pourtant en réalité nous éloignent de l’essentiel qui est le salut de notre âme et la plus grande gloire de Dieu.

Les données changent et nous vivons des crises de valeurs. Dans ces crises, le bien devient mal et le mal  se transforme en bien et est même promu. On assiste à des injustices sociales, à la dégradation de la personne humaine. 

« Toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie, et même le suicide délibéré ; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques, tout ce qui offense la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, la prostitution, les conditions de travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable : toutes ces pratiques et d’autres analogues sont en vérités, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement à l’honneur du créateur ».[1]

On assiste en outre à des mutations considérables de jour en jour, plus importantes dans les communautés locales traditionnelles (familles patriarcales, clans, tribus, villages) dans les différents groupes et les rapports sociaux.

La transformation des mentalités et des structures conduit souvent à une remise en question des valeurs reçues tout particulièrement chez les jeunes. Fréquemment ils ne supportent pas leur état. Bien plus, l’inquiétude en fait des révoltés, tandis que, conscients de leur importance dans la vie sociale, ils désirent y prendre plutôt leurs responsabilités. C’est pourquoi il n’est pas rare que parents et éducateurs éprouvent des  difficultés croissantes dans l’accomplissement de leur tâche. Les jeunes se trouvent alors en croisées de chemins, un déséquilibre s’installe.

La société constituée de l’univers qui entoure le jeune propose une forme de vie qui ne rime pas avec la foi du chrétien qu’il est. En effet, le jeune devenu chrétien par le baptême se fait disciple du Christ qui a accepté s’incarner et mourir sur la croix pour lui, de la façon la plus horrible que pouvait mourir un homme de son époque.

Il se trouve face à une ambiguïté : d’un côté se conformer au monde qui prône  toute forme d’idéologie : sectes, matérialisme, relativisme, athéisme etc. de l’autre côté, vivre sa foi en contradiction à cette société en perte de repère. Le choix est difficile à opérer mais l’obligation est de manifester sa foi. Car par les sacrements, le jeune est appelé à témoigner, à défendre et à diffuser la foi par la parole et l’action en vrai témoin du Christ. C’est une obligation morale.

Devant cette situation alarmante de la société, la jeunesse chrétienne a tout à construire. Mais cette construction ne peut se faire ex-nihilo c’est-à-dire à partir de rien. Elle ne peut avoir pour source de référence que le Christ. Cela nécessite la foi.

La foi est nécessaire pour le jeune chrétien parce qu’elle est une exigence liée à notre être chrétien. En effet,  la foi est la lampe de notre vie, nous dit le Christ en ces termes : « personne n’allume une lampe pour la mettre dans une cachette, mais on la met sur un support, pour que ceux qui entrent voient la clarté » Lc 11,33.

Par notre engagement au Christianisme, nous sommes donc appelés à être la lumière pour les autres, pour la société face à cette perte de repère et c’est à travers ce témoignage que nous obtiendrons le salut. En effet, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu et d’arriver à partager la condition de ses fils. Personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne, à moins qu’il n’ait « persévéré en elle jusqu’à la fin, n’obtiendra la vie éternelle »[2].

Nous sommes appelés à purifier tout ce qui semble ou qui est obscure par notre foi. Car par notre foi en Jésus-Christ nous sommes capables de redonner sens à l’humanité : « en vérité, je vous le déclare, si un jour vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne ‘‘passe d’ici là-bas’’, et elle y passera. Rien ne vous sera impossible » Mt 17,20. Déclare le Christ. Car « tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi vous le recevrez » Mt 21,22.

Ainsi par la foi, vertu théologale par laquelle nous croyons en Dieu et à tout ce qu’il nous a dit et révélé et que la sainte Eglise nous propose à croire, nous pouvons réorienter les données de la société à travers notre vécu quotidien. Car, les jeunes sont appelés par le Saint Concile à « devenir les premiers apôtres des jeunes, en contact direct avec eux, exerçant l’apostolat par eux-mêmes et entre eux, compte tenu du milieu social où ils vivent »[3] en respectant la dignité, la liberté et les droits des personnes.

Cette mission n’est pas légère. Elle nécessite beaucoup de courage. C’est pourquoi conscient de cela, le saint père  Benoît  XVI à l’occasion de la récente journée mondiale de la prière pour les vocations affirma :

« chers amis, ne vous découragés pas devant les difficultés et les doutes ; confiez vous à Dieu et suivez fidèlement les pas de  Jésus, et vous serez les témoins de la joie qui jaillit de l’union intime avec lui. À l’imitation de la Vierge Marie, que les générations proclament bienheureuses parce qu’elle a cru (cf. Lc 1,48). Engagez vous avec toute votre énergie spirituel pour réaliser le projet salvifique du Père Céleste, en cultivant dans notre coeur  comme elle, la capacité de vous émerveiller et d’abord celui qui a le pouvoir de faire de ‘‘grandes choses’’ parce que saint est son nom ».[4]

 

 

 

 

 

                                                                                                       Par  DOURWE  BERNARD

 



[1] Gaudium et Spes, Vatican II, n°27.

[2] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°161.

[3] L’apostolat des laïcs, Vatican II, n°12

[4] Message de sa Sainteté  Benoît XVI pour la 46e journée mondiale de prière pour les vocations.

   Vatican, 20 janvier 2009

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de DOURWE Bernard
  • : Parlons de tout et de rien en toute vérité.
  • Contact

Profil

  • dourweber
  • Je suis ce que je suis.
  • Je suis ce que je suis.

Texte Libre

Recherche

Liens