1ère lecture : Za. 9,9-10 ; Psaume 144 ; 2ème lecture : Rm. 8,11-13 ; Evangile : Mt. 11,25-30.
Apres le 12e et le 13e dimanches où nous lisions la fin du discours de mission, c’est le Maître lui-même qui prend la route pour la mission. Aujourd’hui, dans son « hymne de jubilation », Jésus, qui pourtant vient d’essuyer des échecs, rend grâce au Père pour l’accueil reçu chez les « tout-petits ».
Nous accueillons la Parole que Dieu nous adresse, laissons-nous surprendre par l’Esprit de Jésus, l’Esprit de douceur : oui, comme les prophètes l’ont annoncé (1ère lecture), Jésus est « humble de cœur » et sa Parole touche d’abord les petits, les humbles (évangile). Et nous sommes appelés à nous laisser habiter par cet Esprit (2ème lecture) qui, seul, donne la vie et le bonheur.
Le prophète Zacharie invite Jérusalem à la joie : le Roi-Messie qu’elle attend vient à elle, en effet, pour établir un règne de paix et de justice, avec les seules armes de l’humilité et de l’amour.
Etre soi-même, c'est choisir par qui et par quoi on se laisse gouverner. Pour Saint Paul, le baptême exige un tel choix, entre la chair, notre naturel égoïste, et l'inspiration de l'Esprit du Christ. Saint Paul dans sa lettre aux Romains précise que l'Esprit de Dieu habite en nous. Et nous avons compris aujourd'hui que cet Esprit du Christ habite en tout homme. En hôte permanent, pas en passager temporaire ! Parce que le Christ est «doux et humble de cœur», cette présence intérieure de Dieu ne contraint personne. Elle est seulement un appel que précisent une rencontre, un livre, une émission... Les chrétiens ont plus que d'autres l'occasion de ressentir cet appel, mais il arrive aussi que des «païens» y soient sensibles. Des païens, au sens ancien du terme, car aujourd'hui il est plus difficile de savoir qui appartient, ou non, à Dieu...
Jésus remercie son Père des préférences qu’il manifeste pour les petits et les humbles : c’est à eux qu’il révèle les secrets de son cœur, tandis qu’il les cache aux sages et aux puissants.
L’Evangile de ce dimanche, qui regroupe une prière adressée au Père et une exhortation pour tout homme de désir, nous recentre sur le rôle spécifique du Fils dans l’histoire du salut.
De fait, son action de grâce nous rappelle qu’il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes. «Nul ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.» Autrement dit, précise Irénée : « Nous ne pouvons connaître Dieu sans le secours de Dieu ». Voilà qui nous remet devant son altérité, son mystère et la gratuité de la révélation. Une réalité qui pourrait nous conduire à un questionnement inextricable, si nous ne savions que le bon vouloir du Dieu Un et Trine est de se révéler à quiconque aspire au salut, dans la conscience de sa pauvreté. De fait, si Dieu est Amour en lui-même, comme le suggère la mention de la connaissance réciproque du Père et du Fils, cet amour ne demande qu’à se communiquer. N’oublions pas que, dans l’univers sémitique, « connaissance » signifie communion et engagement mutuels.
Quant à l’invite qui nous est faite, ne vient-elle pas nous rejoindre dans notre quotidien marqué par le poids et la lassitude des jours, au niveau personnel, familial, social. Qui n’a jamais aspiré au repos du cœur, cet autre nom du silence intérieur (Ps 131) ?
Et Jésus de nous rappeler qu’il n’est qu’un moyen pour atteindre cet horizon : le consentement à prendre son joug. Rappelons que cette image est traditionnelle dans le judaïsme pour parler de la Torah (Jr 5,5 etc.), qui canalise les énergies humaines désordonnées pour les rendre fécondes. Alors, laissons-nous saisir par le Christ, doux et humble de cœur, lui l’unique Chemin vers le Père (Jn 14).
Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu nous as choisis malgré la pauvreté de nos vies et tu nous partages ton secret. Ce sera toujours pour nous une cause d'émerveillement! En Jésus, ton Fils, libère-nous de ce qui empêche notre marche et fais-nous vivre de ton Esprit. A toi notre louange pour les siècles des siècles. Amen!
Père Bernard Dourwe, Rcj.