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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 22:01

 

HENRI BERGSON

 

Né à Paris, rue Lamartine le 18 octobre 1859,  Bergson était  le fils d’un musicien naturalisé français issu d’une famille juive. Il fut toute sa vie très attaché à la France ;  en revanche, il n’embrassa jamais la foi juive, et mourut animé de sentiments chrétiens, mais sans être lié à la confession chrétienne ni à l’Eglise catholique. En 1881, il sort de l’école normale supérieur agrégé de philosophie. Chargé de conférence à la faculté, il rédige sa thèse, l’Essai sur les données immédiates de la conscience (1889). Il enseigne au collège Rollin, puis au Lycée Henri IV de 1888 à 1898. Bergson est ensuit  maître de conférences  à l’école normale supérieur pendant deux ans. Appelé par Charles Levêque à le suppléer au Collège de France en philosophie antique, il y est élu professeur en 1900. Son enseignement y connaît un grand succès de 1900 à 1914, et en particulier après la publication de l’Evolution créatrice en 1907. Sa conférence à la Société Française de Philosophie, tout juste créée, le 2 mai 1901, sur « le parallélisme psychophysique et la métaphysique positive », annonce la fondation d’une nouvelle philosophie et trouve une large audience. Il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques en 1901.

Très ébranlé par la guerre de 1914-1918, il joue un rôle diplomatique important, avec deux missions auprès du président Woodrow Wilson des Etats-Unis. Malade, il ne reprendra pas son enseignement et achève avec beaucoup de difficultés son dernier grand ouvrage, Les deux sources de la morale et de la religion, en 1932. Élu à l’Académie française en 1918, il a reçu le prix Nobel en 1927. Il meurt en 1941, dans  une situation politique qui désavouait à nouveau son optimisme foncier, et dans la discrétion parfaite qui avait toujours été la sienne, au milieu des honneurs comme dans les difficultés, dont la pire fut pour lui le sentiment d’avoir été mal compris.[1]

Bergson s’est situé lui-m^me dans la lignée de la philosophie française. Il entre en contact avec la pensée de Plotin, qui sera une grande source d'inspiration, Descartes, Spinoza, Kant qu'il va farouchement critiquer, Herbert Spencer, William James. Son sens aigu du fait, son goût du perçu l’apparentent à la pensée anglo-saxonne, en particulier à Berkeley. Il unit deux exigences de la philosophie française du XIX è siècle. Le goût du « sens intime » issu de Maine de Biran ; l’ouverture au monde et à la nature discernable dans les philosophies françaises de Lachelier, Ravaison, Cournot. Il sera le philosophe français de la biologie évolutionniste du XIXè et du XXè siècle. Mais l’évolutionnisme, dans le bergsonisme, est spiritualiste et permet de consacrer la restauration d’une métaphysique de l’immanence ouverte à la transcendance. Cette métaphysique ne veut plus être la synthèse de la totalité de l’être, elle est la saisie intuitive et progressive de la vie de l’esprit, la science étant l’appréhension rationnalisant de la matière. Les deux disciplines se recouperont et s’articuleront, selon la critique que Bergson propose lui-même en faisant de chacun de ses livres une réflexion à partir des données scientifiques de son époque. Si on devait le définir d’un mort, le bergsonisme apparaitrait comme une entreprise pour restaurer l’exigence métaphysique.[2]

Ces principales œuvres sont: Essai sur les Données Immédiates de la Conscience (1889), Matière et Mémoire (1896), le Rire (1899), l'Évolution Créatrice (1907), l'Energie Spirituelle (1919), les Deux Sources de la Morale et de la Religion (1932) et la Pensée et le Mouvant (1934).

Les idées les plus importantes dans sa philosophie sont" l'Élan vital ", "la Durée ", " l'Évolution créatrice" et " l'Intuition et l'Intelligence" et "le rapport entre l'âme et le corps".

 La notion d’une temporalité irréductible à la mesure mathématique, d’une durée concrète, dont on perçoit les changements qualitatifs, voilà ce qui est au cœur de la philosophie d’Henri Bergson. Le dessein de Bergson est de monter que la vraie méthode de la philosophique est intuition, seule apte à saisir et exprimer la vie, le vécu et le concret occultés par la science et le langage.[3]

L’intuition est le point central de la doctrine de Bergson. L’immédiat ne caractérise pas les formes de l’illusion et de l’erreur ; il est la richesse de la densité ontologique propre au donné originel. Il est la marque de l’essentiel ; il est l’objet de la connaissance épuisée de ce qui ne vient pas de la chose. C’est aussi le mode de connaissance effectué sans intermédiaire entre le sujet connaissant et l’objet connu. De ce point de vue, l’intuition se veut conscience, conscience immédiate qui se distingue à peine de l’objet vu. C’est donc une « sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet pour y coïncider avec ce qu’il a d’unique et d’inexprimable ».[4] C’est lui qui, par l’appréciation immédiate, coïncide avec l’objet, saisit la durée, l’esprit qualitatif et concert, le temps de la liberté, le courant indivisible et créateur. L’intuition fondamentale de Bergson c’est la distinction radicale de l’espace et de la durée.

Dans Matière et mémoire, Bergson soutient une conception dualiste de l’être. Il analyse la relation du corps à l’esprit, de la matière à l’esprit à partir d’un exemple précis : celui de la mémoire. Il distingue deux formes de cette dernière : la mémoire-habitude, constituée de mécanisme, et la mémoire pure, qui appartient au domaine de l’esprit. L’explication matérialiste de la mémoire est une confusion de la durée spirituelle avec l’espace matériel. Ce qu’on peut expliquer par le cerveau, c’est seulement la mémoire motrice (mémoire-habitude). La mémoire pure est l’expression de la durée, le lieu des souvenirs. Il y a solidarité entre le corps et l’âme et rien de plus.

Dans l’Evolution créatrice, Bergson « dilate », comme il dit, son intuition aux dimensions de l’univers. Jusqu’alors il l’avait cantonnée dans les limites de la conscience humaine. Maintenant, il s’attaque au problème général de la vie dans le monde. Ayant découvert que la vie intérieure de l’homme est durée, liberté, création, il s’attache à monter que la vie sous toutes ses formes est durée, liberté, création. Le centre de l’ouvrage est la théorie de l’élan vital. L’élan vital est une exigence de création et une impulsion  originelle d’où est issue la vie ; il fait surgir des réalités vivantes toujours plus complexes. Elle suppose le transformisme, et s’oppose tout ensemble au mécanisme et au finalisme. L’élan vital se trouve dans la morale et la religion bergsoniennes,

 Le problème de Dieu est à peine effleurée dans l’Evolution créatrice, et le peu qu’en dit Bergson semble bien appeler une interprétation panthéiste, car la source de l’élan vital est elle-même un élan vital, elle lui est homogène et non pas transcendante. Bergson a protesté cependant dans une lettre de 1912, il déclarait que, de ses différents ouvrages « se dégage nettement l’idée d’un Dieu créateur et libre, générateur à la fois de la matière et de la vie, et dont l’effort de création se continue du côté de la vie par l’évolution des espèces et par la constitution  de personnalités humaines. De tout cela se dégage par conséquent la réfutation du monisme et du panthéisme »[5]. Mais il ajoutait que le problème de Dieu est lié à des problèmes moraux qu’il n’avait pas encore élucidés.

Dans Les deux sources de la morale et de la religion, Bergson apporte la solution des problèmes moraux et religieux. Il traite d’abord de la morale. Il lui trouve deux formes opposées, qui ne sont du reste jamais données à l’état pur : l’obligation et l’aspiration. La première est fondée sur l’instinct et s’impose par la pression de la société (morale close). La seconde provient d’une émotion et se propage par l’appel des héros (morale ouverte). La morale n’est donc pas fondée sur la raison. Celle-ci ne fait qu’apporter une justification logique  à des mouvements qui sont d’abord vécus. Elle est incapable d’engendrer une force morale réelle, soit d’obligation, soit d’aspiration ; elle les suppose au contraire, car à une raison, on peut toujours opposer d’autres raisons, et même simplement refuser de discuter et suivre son caprice[6].

Les mêmes principes servent à élucider les problèmes religieux. Bergson distingue deux types de religion qu’il appelle « religion statique » et « religion dynamique » la première est définie comme : « une réaction défensive de la nature contre ce qu’il pourrait y avoir de déprimant pour l’individu, et de dissolvant pour la société, dans l’exercice de l’intelligence ». cette réaction contre l’intelligence prend origine dans l’instinct qui subsiste chez l’homme en marge de l’intelligence. Elle consiste à créer des mythes : ce que Bergson appelle la « fonction fabulatrice », et qu’il trouve aussi bien chez le primitif que chez le civilisé. Son rôle est social, essentiellement, car si pour une part elle tend à renforcer l’individu, c’est parce que la société a besoin de son effort.

La religion dynamique est le mysticisme. Elle a sa source dans une émotion et non pas dans une doctrine, car une doctrine est incapable d’éveiller une émotion, tandis qu’une émotion se cristallise naturellement dans une doctrine.  Pris en lui-même, le mysticisme est défini par Bergson comme : « une coïncidence partielle avec l’effort créateur que manifeste la vie. Cet effort est de Dieu, si ce n’est pas Dieu lui-même. Le grand mystique serait une individualité qui franchirait les limites assignées à l’espèce par sa matérialité, qui continuerait et prolongerait ainsi l’action divine ».

 

Bergson fonde une nouvelle morale après avoir fondé une nouvelle métaphysique et une philosophie inédite de la vie. Ces thèses influences encore notre époque. Il introduit l’élan créateur et la vie spirituelle dans la morale. Hostile à Kant et à sa théorie de l’obligation, il privilégie l’amour, l’ouverture et la mystique. Contre le scientisme de la fin du XXè siècle, Bergson a ouvert des horizons spirituels neufs. Son œuvre, écrite dans une langue limpide, a bouleversé toute une génération. Bergson a introduit la vie spirituelle dans le monde, a écrit Péguy.[7]



[1] Encyclopédie philosophique universelle. Les œuvres philosophiques. Dictionnaire 2, Puf, Paris, 1992 , p.2248

[2] Encyclopaedia universalis, Editeur à Paris, Corpus 4, 1989, p.5

[3] Jacqueline Russ, Philosophie, les auteurs, les œuvres. La vie et la pensée des grands philosophes, Bordas, Paris, 1996, p. 403

[4] Henri Bergson, La pensée et le mouvant, Puf, Paris, p.119

[5] Eduard Le Roy, Une philosophie nouvelle. Henri Bergson, Librairie Felix Alian, Paris, 1914, p. 202

[6] Roger Verneaux, Histoire de la philosophie contemporaine, Beauchesne et ses fils, Paris, 1960, p.120-121

[7] Jacqueline Russ. Op. cit, p.417

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