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1 avril 2023 6 01 /04 /avril /2023 20:07

1ère lecture : Is. 50,4-7 ; Psaume 21 ; 2ème lecture : Ph. 2,8-9 ; Evangile : Mt. 26,14-27,66

La célébration de ce dimanche qui ouvre la Semaine sainte a deux moments forts : la procession (le Roi entre dans sa ville sous les acclamations) et la Passion (le Roi sort de la ville sous les injures pour être mis en croix). Le Roi d’Israël est un Roi Serviteur.

Voici venus les jours de la Passion. Et nous savons la densité de ce mot « Passion », qui dit à la fois tout l’amour dont le Christ a aimé les hommes, jusqu’à donner sa vie pour les sauver, et toutes les souffrances qu’il a endurées, jusqu’à la mort sur une croix. Ce dimanche de la passion nous fait entendre le contraste entre les « Hosanna » de la foule acclamant le Messie (évangile de l’entrée à Jérusalem) et, quelques jours plus tard, ses « qu’on le crucifie ! » (Évangile de la Passion). Jésus est bien le Serviteur, qui, sûr de son Dieu (1ère lecture) sera relevé de la mort et exalté (2ème lecture), et nous appelle à la même confiance en Dieu (psaume).

Ce chant du Serviteur Souffrant, emprunté au livre d’Isaïe, nous fait communiquer aux sentiments du Christ dans sa Passion : souffrance, solitude, angoisse ; mais en même temps, courage indomptable dans la certitude du triomphe final.

Abaissement extrême et triomphante exaltation, tel est le double contraste de cet hymne à la gloire du Christ que Saint Paul a inséré dans son Epître aux Philippiens.

La célébration d'aujourd'hui comporte deux évangiles. Le fait est rare, cela n'arrive que pour le dimanche des Rameaux. Ces deux lectures forment une charnière qui conduit l'auditeur du temps du Carême au temps de la Passion. Le contraste est saisissant. D'un texte évangélique à l'autre, la foule, les disciples et Jésus deviennent méconnaissables. Le premier récit raconte l'entrée du Seigneur à Jérusalem. Jésus vient de Bethphagé. Il descend du mont des Oliviers, assis sur un ânon, entouré de ses disciples. La foule, joyeuse, le précède, étendant manteaux et branches d'arbres sur le chemin. Elle est venue accueillir le prophète Jésus de Nazareth, celui qui par ses miracles a rendu espérance et santé à tant de gens. Partout ce ne sont que cris de joie et acclamations : "Béni soit le Messie !", "Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !"

L'ambiance du second texte est tout autre. Nous retrouvons Jésus au mont des Oliviers. La tristesse et l’angoisse l'étreignent. Ses disciples l'ont abandonné et trahi. Les autorités politiques et religieuses refusent de reconnaître en lui le Messie. Elles lui intentent un simulacre de procès. Des soldats le maltraitent et se moquent de sa royauté. La foule est toujours présente. Mais elle est hostile, haineuse : "Qu'on le crucifie!", "Son sang, qu'il soit sur nous et sur nos enfants !" Et il en fut ainsi : on crucifia le prophète Jésus de Nazareth. Cette nuit-là Jérusalem bascula !

Laissons-nous toucher par l’incroyable violence de ce bouleversement. Les conséquences de nos propres infidélités, de nos trahisons les plus secrètes y sont mises à nu... et pardonnées par la fidélité aimante du Crucifié.

"Les peuples qui oublient leur histoire sont condamnés à la revivre sans cesse".  Voilà que nous allons vivre dans le souvenir et la commémoration de la dernière semaine de Jésus: son triomphe, le jour des Rameaux, ses souffrances, sa mort et sa résurrection.  La trahison de Judas, le reniement de Pierre, l'indifférence de Pilate, la haine des "religieux", la présence de Jean, de Marie et des autres femmes au pied de la croix, la résurrection annoncée aux femmes, l'incrédulité des disciples.

Nous allons faire mémoire de ces journées décisives et les revivre.  Nous allons nous rendre compte que, dans nos vies et dans la vie de beaucoup de nos contemporains, Jésus continue à vivre sa passion.  Il y a encore des gens qui, comme lui, sont injustement condamnés et mis à mort.  Il y a des gens qui se dépensent pour la justice et la paix, qui prennent sur leur dos la misère du monde pour la transformer, pour en faire un instrument de libération de l'homme.  Il y a des gens qui offrent au Père le poids perdu de la souffrance.  C'est ce que nous faisons à chaque messe.  C'est ce que nous allons faire, de manière plus forte, au cours de la semaine, dans l'attente du jour béni de sa venue dans la gloire.

En ce début de la semaine sainte, demandons au Seigneur de nous apprendre à porter chacun notre fardeau avec un peu d'amour et surtout de savoir aider nos frères à porter le leur, comme Simon de Cyrène l'avait aidé lui-même.

Dieu d’amour et de sainteté, en entrant dans la ville comme le roi promis, Jésus se préparait aussi à mourir pour elle. Accorde-nous de reconnaître dans le récit de sa Passion, avec quelle violence notre péché te rejette, et avec quelle force tu ne cesses d’aimer les hommes. Nous célébrerons alors ta gloire par toute notre vie, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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25 mars 2023 6 25 /03 /mars /2023 16:14

CINQUIEME DIMANCHE DE CAREME A

1ère lecture : Ez 37,12-14 ; Psaume 129 ; 2ème lecture : Rm. 8,8-11 ; Evangile : Jn. 11,1-45

Aujourd’hui prend fin la série des trois évangiles illustrant le baptême : après l’eau vive (3e dimanche), l’illumination (4e dimanche), voici la re-naissance, le retour à la vie. Le baptisé est celui qui passe d’une vie mortelle à une vie de gloire. Après s’être révélé source d’eau vie et lumière, le Christ se dit aujourd’hui « la Résurrection et la Vie » : c’est l’aboutissement de notre chemin de Carême qui nous conduira aux côtés de Jésus sur le chemin de la croix. C’est par amour que Jésus ramène à la vie son ami Lazare (évangile) Une toute-puissance de l’amour que les prophètes avaient annoncée ; selon Ezéchiel, Dieu allait « ouvrir vos tombeaux » (1ère lecture). Car son Esprit est vie, dit saint Paul (2ème lecture), et capable de nous arracher au pouvoir de la mort… Alors, oui, nous pouvons « espérer le Seigneur » (psaume).

La première lecture est un message d'espérance : Le prophète Ezéchiel s'adresse au peuple d'Israël qui est en exil à Babylone. Pour ce peuple c'est une période très douloureuse. Mais le prophète lui annonce de la part de Dieu qu'un peuple nouveau va surgir des ruines de la défaite. La vie va l'emporter sur la mort. Les déportés se dresseront. Dieu mettra en eux son souffle pour qu'ils vivent. Comme au temps de Moïse, il les libèrera de la servitude. Là où tout semblait perdu, voici que s'ouvre un avenir nouveau, un avenir dont Dieu est l'auteur et le garant.

L'apôtre Paul, dans sa lettre aux Romains, insiste sur la force de résurrection que nous donne l'Esprit Saint. Ce que Dieu a fait en ressuscitant Jésus d'entre les morts, il le fera pour nous aussi. Aucune affirmation de notre foi, peut être, n'est aussi réconfortante. Et sans doute davantage lorsque, avec l'âge, nous ressentons encore plus nos «corps mortels». L'Esprit prend soin de notre futur. Il est en nous santé, paix, sereine espérance. Grâce au Christ, mort et ressuscité pour nous, écrit Saint Paul, l’Esprit de Dieu vit en nous, nous libérant de l’emprise du péché et nous communiquant une vie nouvelle : la Vie des enfants de Dieu.

La résurrection de Lazare, racontée par Saint Jean, revêt la profondeur d’un enseignement théologique d’une grande valeur : elle doit susciter en nous une foi ardente en la Personne de Jésus-Christ, Maître de la Vie et de la Mort.

Si ce récit évangélique nous est proposé pendant le temps du Carême, c'est qu'il annonce la résurrection de Jésus et nous signifie quelle est la nature du salut donné dès à présent dans l’événement pascal.

Peut-être sommes-nous étonnés à la lecture de ce texte par l'attitude de Jésus qui ne répond pas à la demande des deux sœurs et "laisse" mourir Lazare. Et pourtant, nous dit-on à plusieurs reprises, Jésus aimait cet homme. D'ailleurs devant la réalité de la mort de son ami, Jésus n'a-t-il pas versé des larmes, manifestant ainsi son trouble et sa peine? Cet étonnement qui a été celui de ses disciples, celui de Marie et de Marthe reprochant explicitement à Jésus son absence, rejoint peut-être notre perplexité devant les voies de Dieu qui se "tait" lors de l’agonie de son Fils en croix, ou semble "absent" alors que nous nous débattons avec notre propre mort ou celle de nos proches. Qu'en est-il alors des fruits de la résurrection du Christ, de ce Dieu dont la Bible nous affirme –de l'Ancien au Nouveau Testament– qu'il compatit à nos souffrances et fait siennes nos propres larmes (Si 35, 18) ?

En fait, l'histoire de Lazare, tout comme celle de Jésus, nous révèle que l'amour de Dieu ne nous épargne pas les vicissitudes de notre condition humaine mortelle, mais qu'il nous ouvre un au-delà et nous donne la certitude que l'alliance vécue ici-bas ne peut être mise en échec par la mort. Voilà qui rejoint le propos de Paul en Romains 8, 38-39: "Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir (...) ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur."

Dieu n’est pas absent dans notre vie, il est là et il veille. Il se laisse toucher par nos misères. Il fait de nos préoccupations les siennes, car il nous aime. La vie présente n’est pas l’antichambre de la mort, mais le passage vers le Royaume où nous partagerons éternellement la vie même de Dieu. Comme à Marthe, Jésus nous demande à chacun : « Crois-tu cela ? » Allons, comme Marthe, vers ceux que nous aimons, et partageons-leur notre secret, tout bas, pour ne pas les contraindre dans leur liberté : « Le Maître est là, et il t’appelle ».

Tu nous as faits pour la vie, Dieu vivant, et ton Fils est venu nous arracher à la mort. Que sa voix nous appelle aujourd'hui; qu'elle nous rejoigne dans les ténèbres du tombeau où nous enferme le péché. Que nous sortions à ta lumière, et que nous vivions avec Jésus, maintenant et toujours. Amen.

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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17 mars 2023 5 17 /03 /mars /2023 21:05

1ère lecture : 1 S. 16,1.6-7,10-13a ; Psaume 22 ; 2ème lecture : Ep. 5,8-14 ; 3ème lecture : Jn. 9, 1-41

 C’est la mi-Carême et ce dimanche est le célèbre « dimanche Laetare », où le violet de la pénitence cède la place au rose des premières lueurs pascales : « Réjouissez-vous avec Jérusalem », bientôt, comme les yeux  de l’aveugle-né, vos yeux intérieures s’ouvriront ! Nous sommes invités à nous réjouir, non pas parce que la fin du carême approche ! Mais parce que notre entreprise de conversion, de rafraichissement et de renouvellement de notre foi est bien en route. Pâque est proche.

Après l’eau vive (dimanche dernier) voici la lumière, pour le deuxième scrutin des catéchumènes. Et la Parole dit les conséquences du choix de Dieu. David est choisi comme roi, non pour son apparence mais selon son cœur, et l’Esprit du Seigneur vient sur lui (1ère lecture). Qui se laisse guider par le Seigneur reçoit grâce et bonheur (psaume), et devient lumière (2ème lecture). Accueillir dans la foi le Christ lumière  nous libère des ténèbres (évangile) et change notre vie.

Cette première lecture, extraite du premier livre de Samuel, montre par le choix du jeune berger David pour remplacer le roi Saül, que les vues de Dieu ne concordent pas nécessairement avec celles des hommes. Il est frappant de remarquer le regard de Dieu sur l’homme « qui ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence mais le Seigneur, regarde le cœur ». Samuel, dans une inlassable patience, cherche celui à qui il va donner l’onction de la part de Dieu. Naturellement, personne ne pense à David, le plus jeune de la fratrie entrain de garder les bêtes. Personne ne l’imagine roi d’Israël… D’ailleurs, à l’arrivée de Samuel, on ne pense même pas à l’appeler. Pourtant, Dieu a d’autres vues.

Dans la deuxième lecture, Saint Paul invite ses correspondants, les Ephésiens, à renoncer aux ténèbres du mensonge et de l’erreur pour vivre comme des fils de lumière, en s’inspirant dans leur conduite des enseignements du Christ, la vraie Lumière. Nous sommes appelés à sortir de notre propre obscurité qui nous enferme dans le sommeil de la nuit. «Réveille-toi, ô toi qui dors, relève toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.» Tout chrétien porte en lui la lumière du Christ. Ce qui devrait lui donner l'audace de s'avancer là où il y a des ténèbres, pour y mettre la lumière.

Le récit de la guérison de l’aveugle-né fournit à Saint Jean l’occasion de mettre en relief les laborieux cheminements de la foi. Elle n’est pas facile ; elle ne va pas de soi, se heurtant à de multiples obstacles.

Cela aurait sans doute été une sortie du Temple tout à fait ordinaire s'il n'y avait eu sur le passage de Jésus un aveugle pour attirer le regard et la curiosité des disciples. C'est bien connu, aujourd'hui encore, les pauvres de nos parvis, les paumés de nos couloirs de gare ou de nos galeries commerciales attirent toujours le regard du passant et font de nous des indifférents, des voyeurs ou des compatissants, quand nous sommes appelés à être des frères. Les disciples interpellent Jésus au sujet de cet homme, et leur question est terrible : à qui la faute ? Cette question, ce cri des disciples ressemble à celui de tant d'hommes et de femmes face à la pauvreté, la souffrance, la maladie, les catastrophes naturelles. Face à la question de ses disciples, Jésus se tait. Et de fait, la question de la souffrance est telle qu'il vaut souvent mieux s'abstenir d'explications et de paroles. Jésus se tait, mais il voit dans le malheur qui touche cet homme une occasion offerte à Dieu de manifester sa gloire. Le geste que pose Jésus est créateur, re-créateur ! D'un mélange de terre et de salive, Jésus façonne de la glaise dont il recouvre les yeux de l'aveugle. Il faudra à celui-ci une démarche personnelle pour que la parole de Jésus devienne efficace. Une démarche de foi. Le rite est d’ordre baptismal : une onction et une plongée dans l'eau de la piscine de Siloé. L'aveugle avance pas à pas, de la cécité totale à la vision claire, puis à la confiance et à la foi qui fait de lui un témoin capable de nommer et de reconnaître en celui qui lui a redonné la vue le Fils de Dieu venu illuminer sa vie tout entière. Un chemin pour tout un chacun : ouvre mes yeux, Seigneur, que je voie!

Dieu notre Père, tu as envoyé ton Fils pour nous ouvrir les yeux et nous apprendre à t'aimer et à nous aimer. Fais grandir en nous la confiance pour que nous le reconnaissions comme la vraie lumière et pour que nous marchions à sa suite sur la route qui mène à Pâques. Nous te le demandons à toi, Père, par ton Fils Jésus, animés par son Esprit, Dieu vivant pour les siècles des siècles. Amen!

Père Bernard Dourwe, RCJ.

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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 20:03

TROISIEME DIMANCHE DE CAREME A

1ère lecture : Ex. 17,3-7 ; Psaume 94 ; 2ème lecture : Rm. 5, 1-8 ; Evangile : Jn. 4,5-42

Ce 3ème dimanche est le dimanche de l’eau, le dimanche où la Parole, vraie grâce du Carême, est « répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint (2ème lecture). En effet, pour célébrer aujourd’hui le premier scrutin des catéchumènes, l’Eglise choisit de nous faire méditer la belle rencontre de Jésus avec la Samaritaine (évangile) : au bord du puits de Jacob, Jésus se révèle comme étant la « source jaillissante pour la vie éternelle ». Mieux que l’eau jaillie du rocher pour apaiser la colère du peuple (1ère lecture), Jésus nous donne à boire une eau qui nous abreuve pour tous. Eau du baptême qui nous sauve. Eau de la vie. Sur notre route vers Pâques, voici notre troisième halte qui nous amène au puits de la rencontre avec la Samaritaine, où nous sommes attendus... Le chemin est encore long et aujourd'hui, Jésus se présente à nous en proie à la fatigue, à la faim, à la soif. Solidaire de nos souffrances et de nos attentes, il nous introduit dans le mystère du salut. Par le don de l'eau vive, il nous rappelle notre baptême et nous invite à laisser Dieu nous faire revivre.

 C'est quasiment une mutinerie que nous raconte aujourd'hui le livre de l'Exode : faisant confiance à Moïse, le peuple hébreu, fuyant l'esclavage en Égypte, a accepté de s'enfoncer dans le désert vers cette terre que le Seigneur lui a promise. Mais voilà que l’eau commence à manquer: une véritable catastrophe pour ces populations nomades et leurs troupeaux. Dieu serait-il en train de les abandonner ? Les fils d'Israël, furieux, interpellent Moïse : "Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n'y est-il pas?" Question inévitable dans toute vie spirituelle qui, immanquablement, un jour ou l'autre, traverse un "désert". Comment garder confiance en un Dieu dont on n'est plus tout à fait sûr de l'existence ? Comment garder la foi malgré le doute qui nous envahit lorsque la vie se fait plus âpre et difficile ?

Lorsque nous disons le "Notre Père", nous demandons notamment à Dieu de ne pas nous laisser "succomber à a tentation". Lorsque la nuit tombe sur nos existences, il faut tenir ferme cette prière afin que nos souffrances, nos épreuves, ne sèment pas des germes de doute en notre cœur. Nous sommes généralement "tentés" de faire le contraire : parer au plus pressé en oubliant notre rendez-vous avec le Seigneur, comme si la prière devenait secondaire, comme si nous pouvions nous en sortir sans Lui !

Ce passage de l’épître aux Romains pourrait être appelé « hymne à la joie ». Il exalte l’espérance chrétienne, laquelle repose tout entière sur cette certitude que Dieu nous aime. Pour l'apôtre Paul, la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort et ressuscité pour nous, pour la multitude des humains. Sa force de résurrection peut nous rendre victorieux de tout mal, si nous y consentons. Et non pas une fois pour toutes, mais dans le quotidien de nos vies.

Une des plus belles pages de l’Evangile… Elle relate la rencontre de Jésus et d’une femme de Samarie. Rencontre au cours de laquelle il lui révèle progressivement le mystère de sa personne : « Moi qui te parle, je suis le Messie ! » C'était en plein midi, elle n’était pas venue avec les autres femmes puiser l'eau à la fraîche le matin ou la veille au soir. Jésus savait bien pourquoi, lui  qui s'était assis sur la margelle. Quand la Samaritaine revenait sur sa propre vie, elle n'y voyait que dégoût, échec et lassitude, que misère et solitude.  « Donne-moi à boire », avait dit Jésus. Jésus transgresse trois barrières en s’adressant à la Samaritaine. La barrière des usages, qui interdisaient qu'un homme adresse la parole avec une femme dans la rue; la barrière des préjugés, qui déclaraient impurs les Samaritains et tout ce qu'ils touchaient; la barrière de la haine raciale, qui séparait depuis quatre siècles Juifs et Samaritains afin de lui manifester l’amour et la miséricorde de Dieu.

Sous le soleil brûlant, la soif est grande pour tous mais, alors que le peuple défie son Dieu et le met à l’épreuve, Jésus demande humblement à boire à une femme qui vient puiser pour elle-même et pour ses proches. Le peuple était dans la défiance, Jésus enseigne la confiance. « Donne-moi à boire » : ce n’est plus un défi, c’est une invitation à entrer dans une relation qui bouleverse l’ordre des choses. Celui qui demande à boire sera source ; celle dont tout Juif se méfie deviendra vectrice de confiance pour les autres. Entrer dans la confiance à la manière de Jésus sur les chemins de Samarie, c’est croire que la foi et la charité s’interpellent. Ensemble, elles nous disposent à tout recevoir de l’autre, même de celui qui a soif et dont on n’attendait rien, afin que l’action solidaire se mue en fraternité.

Dieu notre Père, tu ne cesses de nous combler des dons de ta grâce. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus, ton Fils bien-aimé. Viens réveiller en nous la source d’eau vive, fais-nous boire à la source d’eau vive, fais-nous boire à la Parole de ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur, qui est vivant avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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11 mars 2023 6 11 /03 /mars /2023 20:00

1ère lecture : Ex. 17,3-7 ; Psaume 94 ; 2ème lecture : Rm. 5, 1-8 ; Evangile : Jn. 4,5-42

Ce 3ème dimanche est le dimanche de l’eau, le dimanche où la Parole, vraie grâce du Carême, est « répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint (2ème lecture). En effet, pour célébrer aujourd’hui le premier scrutin des catéchumènes, l’Eglise choisit de nous faire méditer la belle rencontre de Jésus avec la Samaritaine (évangile) : au bord du puits de Jacob, Jésus se révèle comme étant la « source jaillissante pour la vie éternelle ». Mieux que l’eau jaillie du rocher pour apaiser la colère du peuple (1ère lecture), Jésus nous donne à boire une eau qui nous abreuve pour tous. Eau du baptême qui nous sauve. Eau de la vie. Sur notre route vers Pâques, voici notre troisième halte qui nous amène au puits de la rencontre avec la Samaritaine, où nous sommes attendus... Le chemin est encore long et aujourd'hui, Jésus se présente à nous en proie à la fatigue, à la faim, à la soif. Solidaire de nos souffrances et de nos attentes, il nous introduit dans le mystère du salut. Par le don de l'eau vive, il nous rappelle notre baptême et nous invite à laisser Dieu nous faire revivre.

 C'est quasiment une mutinerie que nous raconte aujourd'hui le livre de l'Exode : faisant confiance à Moïse, le peuple hébreu, fuyant l'esclavage en Égypte, a accepté de s'enfoncer dans le désert vers cette terre que le Seigneur lui a promise. Mais voilà que l’eau commence à manquer: une véritable catastrophe pour ces populations nomades et leurs troupeaux. Dieu serait-il en train de les abandonner ? Les fils d'Israël, furieux, interpellent Moïse : "Le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n'y est-il pas?" Question inévitable dans toute vie spirituelle qui, immanquablement, un jour ou l'autre, traverse un "désert". Comment garder confiance en un Dieu dont on n'est plus tout à fait sûr de l'existence ? Comment garder la foi malgré le doute qui nous envahit lorsque la vie se fait plus âpre et difficile ?

Lorsque nous disons le "Notre Père", nous demandons notamment à Dieu de ne pas nous laisser "succomber à a tentation". Lorsque la nuit tombe sur nos existences, il faut tenir ferme cette prière afin que nos souffrances, nos épreuves, ne sèment pas des germes de doute en notre cœur. Nous sommes généralement "tentés" de faire le contraire : parer au plus pressé en oubliant notre rendez-vous avec le Seigneur, comme si la prière devenait secondaire, comme si nous pouvions nous en sortir sans Lui !

Ce passage de l’épître aux Romains pourrait être appelé « hymne à la joie ». Il exalte l’espérance chrétienne, laquelle repose tout entière sur cette certitude que Dieu nous aime. Pour l'apôtre Paul, la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort et ressuscité pour nous, pour la multitude des humains. Sa force de résurrection peut nous rendre victorieux de tout mal, si nous y consentons. Et non pas une fois pour toutes, mais dans le quotidien de nos vies.

Une des plus belles pages de l’Evangile… Elle relate la rencontre de Jésus et d’une femme de Samarie. Rencontre au cours de laquelle il lui révèle progressivement le mystère de sa personne : « Moi qui te parle, je suis le Messie ! » C'était en plein midi, elle n’était pas venue avec les autres femmes puiser l'eau à la fraîche le matin ou la veille au soir. Jésus savait bien pourquoi, lui  qui s'était assis sur la margelle. Quand la Samaritaine revenait sur sa propre vie, elle n'y voyait que dégoût, échec et lassitude, que misère et solitude.  « Donne-moi à boire », avait dit Jésus. Jésus transgresse trois barrières en s’adressant à la Samaritaine. La barrière des usages, qui interdisaient qu'un homme adresse la parole avec une femme dans la rue; la barrière des préjugés, qui déclaraient impurs les Samaritains et tout ce qu'ils touchaient; la barrière de la haine raciale, qui séparait depuis quatre siècles Juifs et Samaritains afin de lui manifester l’amour et la miséricorde de Dieu.

Sous le soleil brûlant, la soif est grande pour tous mais, alors que le peuple défie son Dieu et le met à l’épreuve, Jésus demande humblement à boire à une femme qui vient puiser pour elle-même et pour ses proches. Le peuple était dans la défiance, Jésus enseigne la confiance. « Donne-moi à boire » : ce n’est plus un défi, c’est une invitation à entrer dans une relation qui bouleverse l’ordre des choses. Celui qui demande à boire sera source ; celle dont tout Juif se méfie deviendra vectrice de confiance pour les autres. Entrer dans la confiance à la manière de Jésus sur les chemins de Samarie, c’est croire que la foi et la charité s’interpellent. Ensemble, elles nous disposent à tout recevoir de l’autre, même de celui qui a soif et dont on n’attendait rien, afin que l’action solidaire se mue en fraternité.

Dieu notre Père, tu ne cesses de nous combler des dons de ta grâce. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus, ton Fils bien-aimé. Viens réveiller en nous la source d’eau vive, fais-nous boire à la source d’eau vive, fais-nous boire à la Parole de ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur, qui est vivant avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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4 mars 2023 6 04 /03 /mars /2023 19:00

1ère lecture : Gn 12,1-4a ; Psaume 32 ; 2ème lecture : Tm 1,8b-10 ; Evangile : Mt 17,1-9

Le Carême est le temps de redécouvrir notre vocation chrétienne, le temps où Dieu nous appelle et nous attend. Alors, la liturgie nous met en mémoire le récit de la vocation d’Abraham (1ère lecture) : sa disponibilité à l’appel du Seigneur n’est-elle pas, pour nous, un modèle de foi, de confiance ? Confiance que chante le psalmiste. Puis Saint Paul, en s’adressant à Timothée, nous redit la chance de notre salut. Et il nous appelle à la persévérance (2ème lecture). Comme l’Evangile de dimanche dernier, celui d’aujourd’hui est un « classique » du Carême : il est présent dans chaque année du cycle. Sur la route du Carême, la Transfiguration nous indique le terme de la marche : après les souffrances de la Passion, le soleil de la Résurrection. La gloire nous est promise.

La première lecture, extraite du livre de la Genèse, est le récit de la vocation d’Abram, l’ancêtre du peuple juif. Nous le voyons faire confiance à Dieu sans l’ombre d’une hésitation et lui obéir totalement. Il sera pour cette raison appelé « le Père des croyants ».

Vers la fin de sa vie, Saint Paul exhorte son disciple Timothée à faire preuve de courage pour répondre à sa vocation de messager de l’Evangile.

Le récit de la Transfiguration du Christ…  Nous sommes invités à voir dans ce récit la proclamation solennelle, faite par Dieu le Père lui-même, de la vocation messianique de son Fils.

Alors que le Carême paraît être un temps maussade, l’évangile de la Transfiguration est au contraire plein de lumière. Même si les prêtres sont habillés en couleur violette, signe de pénitence, toute la communauté chrétienne se prépare à Pâques. Il est vrai que le chemin est parsemé d’étapes qui peuvent sembler austères. Mercredi des Cendres et entrée en Carême donnent un signe très grave au chrétien. Si Jésus est « transfiguré », ou illuminé, inondé de la grâce lumineuse et divine de Dieu, c’est pour accompagner le chemin que Pierre, Jacques et Jean vont faire jusqu’à Jérusalem, jusqu’au Golgotha puis au lieu de la Résurrection, trois jours après sa mort. Ils reçoivent cette révélation intérieure, ils comprennent donc mystérieusement que Jésus les entraîne sur un chemin d’amour et de lumière qui aura un goût d’éternité. Ce dimanche, nous entendons cette parole du Père : « En toi j’ai mis tout mon amour », comme nous l’avons entendue déjà le jour de notre baptême. Nous pouvons donc bel et bien marcher, sans trop baisser la tête, au devant du Christ Ressuscité qui déjà nous accompagne. Parce que si nous levons les yeux, nous verrons Jésus seul. Chemin magnifique de conversion qui recentre sur Jésus et qui nous renverra vers nos frères et sœurs. Le chemin d’une vie, le chemin d’une communauté invitée à expérimenter à son tour la grâce que Dieu fait à son Église à travers la transfiguration de son Fils. Nous nous laissons faire, tout simplement.

Ce deuxième dimanche de Carême nous annonce que Dieu a un projet pour chacun. Ce projet peut être compris comme un poids, mais il est davantage une grâce à s’approprier et à faire s’épanouir dans le temps. Alors, peut-être nous demandons-nous encore quelle voie emprunter pour travailler à notre conversion et nous rapprocher de l’exigence évangélique ? Les trois lectures de ce jour proposent ¬d’emprunter un itinéraire personnel afin de parvenir au bout de la route. Pour vivre ces quarante jours de prière, de jeûne et de partage, il est possible de s’appuyer sur Paul et les disciples, qui font chacun une expérience de dépouillement intérieur et de foi confiante. Si Pâques est bien le but du pèlerinage, opérer le choix des raccourcis risque de nous faire manquer l’ascèse indispensable à notre désir de changement profond. Ainsi Abraham part-il de son pays et laisse-t-il sa famille pour rejoindre une terre dont il ignore tout. Cette expérience unique lui permet de répondre à sa vocation de patriarche sur laquelle le Très-Haut va s’appuyer pour se révéler largement au peuple qu’il s’est choisi. Pour saint Paul, c’est l’acceptation de la grâce que Dieu communique qui permet d’être pleinement chrétien. L’annonce de l’Évangile peut alors se révéler à cause du projet divin. De même, si Jésus appelle trois disciples pour les conduire à l’écart sur la montagne, c’est pour leur révéler sa nature de Fils de Dieu. Chacun de nous, pendant ce Carême, peut chercher s’il est fidèle au projet que Dieu a mis dans son cœur. Chacun peut trouver dans le silence et la prière ce que le Seigneur désire pour lui à l’avenir.

Dieu notre Père, ouvre les yeux de nos cœurs afin que nous reconnaissions en Jésus toute la beauté de ton visage. Soutiens-nous dans nos décisions et nos engagements afin que, malgré nos hésitations, nous puissions continuer à vivre dans la lumière de la transfiguration, maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 17:09

1ère lecture : Gn. 2,7-9 ; Psaume 50 ; 2ème lecture : Rm. 5, 12-19 ; Evangile : Mt 4,1-11

Nous l’avions déjà compris le mercredi des Cendres, la Parole nous le dit très clairement aujourd’hui : le Carême est le temps du choix. La parole de Dieu s’adresse à notre liberté de croyant, et nous propose la vie. Pourtant, résister à la tentation n’est pas facile…  Dès le jardin d’Eden, le premier péché a été de succomber à la ruse du tentateur (1ère lecture). Et en réalité, l’homme n’a guère changé depuis. Mais le péché conduit à la mort (2ème lecture). Et seul Jésus, qui a su résister au tentateur (évangile), nous délivre du péché et de la mort par sa résurrection : mystère de notre salut (psaume) que nous célébrons à chaque eucharistie. En ce premier dimanche de carême, l’Eglise nous met en garde contre les tentations. Non pas des tentations comme celles apprises dans notre enfance, mais des tentations qui portent sur la vie de notre monde. Bien sûr, si nul d’entre nous n’a à reconnaître qu’il est responsable des malheurs de ce monde, nul d’entre nous non plus ne peut dire qu’il n’y est pour rien. Ne fût-ce que par le silence, si souvent complice.

Cette lecture, empruntée au premier livre de la Bible, la Genèse, nous montre comment les premiers hommes, créés pour le bonheur, sombrèrent dans le péché et le malheur, pour n’avoir pas voulu, par orgueil, respecter le plan de Dieu.

Saint Paul établit un parallèle entre l’œuvre d’Adam et celle du Christ : par la faute du premier, par sa désobéissance à Dieu nous avons été constitués pécheurs ; nous retrouvons la vie et le bonheur, grâce à l’obéissance et au sacrifice du second.

En se faisait l’un de nous, le Christ a accepté de tout connaître de notre condition humaine, hormis le péché. C’est ainsi que, dès le début de son ministère après 40 jours de jeûnes et de prière au désert, nous le voyons en butte à la tentation. Il affronte trois tentations. Ces tentations sont aussi les nôtres au quotidien.

"Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain". La tentation de transformer les pierres en pain équivaut à réduire le réel, la création, la nature à un garde-manger pour satisfaire son estomac. Ou encore à tenter d'avoir la mainmise sur notre monde, sans égard pour son caractère sacré. C'est aussi le refus de sentir en son corps les limites de la condition humaine. En résistant à cette tentation, Jésus montre que la force de l'être humain c'est d'être plus qu'une bête qui se contente d'assouvir son appétit.

"Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas" Jésus est ensuite tenté de mettre le Seigneur à l'épreuve, d'exiger quelque chose de Dieu, en vertu de son titre de Fils. Jésus montre que le fait d'être baptisé ne donne aucune protection magique qui permettrait à quelqu'un de se conduire en irresponsable.

"Tous ces Royaumes de la terre, je te les donnerai si tu te prosternes devant moi pour m'adorer." La troisième tentation est celle de l'idolâtrie. L'idée ne nous viendrait peut-être pas aujourd'hui de nous prosterner devant des représentations de divinités païennes. Mais l'idolâtrie existe, quand une valeur absolue est accordée à quelqu'un ou quelque chose qui ne le mérite pas. Les exemples ne manquent pas. Le fanatisme, qu'il soit de type religieux, politique ou tout autre en constitue la manifestation la plus évidente.

Du dialogue entre la femme et le serpent au jardin d’Éden jusqu’aux joutes oratoires entre Jésus et le tentateur au jardin du désert, il n’y a pas grande distance. Dans ces deux lieux, le mensonge s’étale, s’installe, le doute est introduit et l’humanité atteinte en profondeur et en dignité. Terrible sensation. À la cacophonie des tentations de ce monde qui va jusqu’à la remise en question de son humanité, Jésus répond au tentateur par une parole : « Il est écrit… ». Une parole qui renvoie le tentateur au créateur, une parole dont on perçoit la force et la portée, une parole qui ne s’érode pas au fil du temps : la Parole donnée par Dieu à son peuple.

Il y a quelques jours, en entrant dans le temps du Carême, nous marquions la volonté de nous mettre en marche avec d’autres, en Église, en réponse à la parole de Dieu relayée par le prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur ! » La parole du prophète est forte. Elle résonne comme une nécessité et nous invite à nous mettre en marche, coûte que coûte, vers le Seigneur. La liturgie du mercredi des Cendres ne nous laisse pas sans balises pour la route. Il y a bien sûr, le geste des cendres qui nous rappelle que nous prenons la route vers Pâques, et que nous ne la prenons pas seuls ! Il y a aussi l’invitation à l’aumône, à la prière, et au jeûne. Autant de repères pour vivre la traversée du désert et le face-à-face avec Dieu !

Dieu notre Père, voici que s'ouvre devant nous ce temps de carême. Pendant quarante jours, nous voulons marcher à ton pas et apprendre de toi à aimer davantage encore notre condition d'homme, puisque tu nous as faits à ton image. Redis-nous combien tu nous aimes et combien tu nous pardonnes, en Jésus, ton Fils, Homme et Dieu, vivant avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen!

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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11 février 2023 6 11 /02 /février /2023 17:03

Siracide 15, 15-20 ; Psaume 118 ; Corinthiens 2,6-10 ; Matthieu 5, 17-37

En ce dimanche nous commençons à entendre, dans l’Evangile, le corps du « Sermon sur la montagne » : après nous avoir appelés à être sel et lumière (dimanche dernier) Jésus nous dit, aujourd’hui, comment nous comporter en vrai fils du Royaume. Comment être disciples. Plus qu’un commandement, c’est un appel à le suivre sur le chemin du Royaume.

Déjà, dans la Première Alliance, Dieu n’imposait pas sa Loi aux hommes (1ère lecture). Il leur proposait le chemin de la vie, la sagesse d’une vie selon son cœur, et pour leur bonheur (psaume). Mais pour le comprendre, il faut s’ouvrir à la sagesse même de Dieu (2ème lecture) à son amour.

L'homme est prisonnier de son environnement; Dieu est une puissance aveugle. De telles idées circulaient déjà au 2ème siècle avant notre ère. Le sage oppose ici son expérience de croyant: Dieu a fait l'homme réellement libre de ses choix.

Il y a les slogans et les idéologies qui nous imprègnent malgré nous. Il y a en nous l'Esprit de Dieu: il nous aide à regarder le monde avec les yeux de Dieu. Là encore, Paul nous invite à un choix. Seule la sagesse de Dieu nous ouvre le regard. Ainsi, l’Esprit Saint est révélé aux petits, c’est-à-dire à ceux qui se font humbles et qui en demandent la grâce. Il a fallu la venue de Jésus Christ pour que la sagesse de Dieu soit pleinement révélée. Ce que personne n’avait vu de ses yeux s’est déployé désormais pour tous ceux qui ont foi en lui. Telle une lumière, cette révélation a donné à voir un Dieu qui va jusqu’à mourir sur une croix par amour de l’humanité. Dieu s’est montré tel qu’il est, en son Fils et par son Esprit. Son Esprit, qui voit le fond de toutes choses, et même les profondeurs de Dieu. C’est à notre égard qu’une telle révélation a eu lieu. Allons-nous rester aveugles encore longtemps ? Demandons à l’Esprit de nous aider à passer de notre fausse image de Dieu à celle qu’il nous offre en Jésus Christ.

Dans l'Evangile, Jésus poursuit son discours sur la Montagne. Et aujourd'hui il nous tire au-delà de nous-mêmes, au-delà des choses visibles, au-delà de notre façon habituelle de vivre... C'est un formidable message qu'il nous livre. Dans notre vie, bien des choix se présentent à nous; quoi faire, que répondre, vers qui se tourner... Des voix se font entendre qui troublent nos façons habituelles de vivre : invitation à rompre avec la facilité, l’habitude. Ceci est vrai dans notre quotidien le plus banal ; ceci est vrai au fond de notre conscience, dans notre vie spirituelle: quoi choisir, lorsqu’on est tenté entre ceci et cela ; le bien et le mal ?... Le Seigneur nous apprend le chemin de la vie; l’évangile qu’il propose exige de nous conversion du cœur, changement d’habitudes. Il nous invite à vivre de sorte que notre OUI soit OUI, que notre NON soit NON ; que nous soyons clairs, nets, vrais. C’est son Esprit en nous qui donnera cette liberté et cette force.

Aussi, désirer suivre un certain idéal de vie les yeux fixés sur le Sauveur oblige à quitter d’autres sentiers qui ne conduisent pas vers le bonheur ou l’épanouissement. Le Christ affirme que sa venue n’est pas celle qui effacera la Loi ancienne. Bien au contraire, il veillera à ce que cette dernière soit appliquée à la lettre. Et la nouveauté qu’il apporte, c’est la manière de comprendre cette Loi et de l’humaniser pour la mettre davantage en pratique : « Vous avez appris […] Eh bien moi, je vous dis ! » Pour qu’une loi soit appliquée et reconnue comme juste, il faut qu’elle soit assimilée ; cela se vérifie chez les plus jeunes. Gardons un cœur d’enfant pour travailler sans cesse à notre sagesse ! Comme les disciples, rassemblons-nous autour de Jésus sur la montagne et demandons-lui de nous rendre adultes dans la foi.

Dieu notre Père, tu as donné ta Loi aux hommes pour les conduire au bonheur. Ton Fils Jésus est venu accomplir cette loi et il nous apprend à aimer en vérité. Apprends-nous à choisir avec lui le chemin qui mène à la vie et à renoncer à tout ce qui nous entraîne au péché, toi le Dieu qui nous libère pour les siècles des siècles.

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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4 février 2023 6 04 /02 /février /2023 06:11

 

Isaïe 58, 7-10 ; Psaume 111 ; 1 Corinthiens 2, 1-5 ; Matthieu 5, 13-16

En raison de la fête de la Présentation du Seigneur, nous n’avons pas entendu, dimanche dernier, la proclamation des Béatitudes. Mais nous connaissons cet évangile et aujourd’hui, nous restons dans le prélude du Sermon sur la montagne où Saint Matthieu, après l’heureuse condition des disciples (béatitudes), parle de leur mission : être sel et lumière. Il s’agit toujours au fond de la même recette du bonheur : aimer, aimer en vérité. Et pour cela, vivre une belle charité, toute simple, au quotidien (1ère lecture). Pour être lumière, avec et comme le Christ, il faut revêtir sa pauvreté, sa faiblesse, qui est puissance (2ème lecture).

Le prophète Isaïe réagit avec la vigueur contre le formalisme religieux toujours renaissant en Israël, et en particulier contre le jeûne ostentatoire qui n’a rien à voir avec la vie de foi. Il invite à poser, jour après jour, des gestes simples, généreux et gratuits. « Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement.» Ces gestes sont de ceux qu'un amour authentique inspire.  Ils ne trompent pas.  Celui ou celle qui les pose non pas une fois à l'occasion, mais fréquemment au long des jours, des mois et des années, est assurément vu et béni de Dieu.  Si tu fais cela, conclut le texte d'Isaïe, «ta lumière jaillira comme l'aurore».  Et il ajoute: «Si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres. »

Saint Paul s’explique sur sa prédication à Corinthe : pour le fond, rejetant tout système de sagesse humaine, il a prêché la folie de la Croix ; pour la forme, il a fui les prestiges de l’éloquence pour n’employer qu’une parole toute simple. Pour l'apôtre, la croix est le premier temps du mystère Passion Résurrection. Tous ceux qui écoutent la Parole de Dieu doivent entendre à la fois le Christ crucifié et le Christ ressuscité. La croix est chemin, la résurrection est sommet. Saint Paul d'ailleurs ne les sépare pas, lui qui insiste tellement, en d'autres textes, sur la force de résurrection du Christ en nous, sans laquelle vaine serait notre foi.

L’évangile de ce dimanche nous rappelle qu’être disciple de Jésus comporte un certain nombre d’exigences. Matthieu emprunte deux images du quotidien, le sel et la lumière, pour nous donner de bien comprendre cela. « Vous êtes le sel de la terre. […] Vous êtes la lumière du monde. » Ces paroles ressemblent en tout point à un compliment fait aux disciples. À y regarder de plus près, chacun mesurera qu’être sel de la terre et lumière du monde est une invitation incontournable à être témoins du Royaume. Nous savons ce qu’il en est de nos vies lorsque le sel et la lumière viennent à manquer. Perte de saveur dans nos plats et difficultés de conservation. Perte aussi de repères pour traverser les ténèbres. Les disciples de Jésus reçoivent cette mission particulière de donner saveur d’humanité et goût de Dieu à leurs contemporains. S’ils oublient ou négligent cette dimension de leur mission, ils s’éloignent de l’esprit des béatitudes, que Jésus vient tout juste de leur donner, et qui ne sont, en fait, rien d’autre que le projet de Jésus, ce qu’il va mettre en œuvre tout au long de sa vie pour sauver son peuple. L’homme est lumière du monde parce qu’il existe comme homme, dans toute la vérité de son humanité : créé à l’image de Dieu. Nous sommes appelés à éclairer les ténèbres, à donner le goût de Dieu. Quand des hommes et des femmes, autour de nous, broient du noir et cherchent un sens à la vie, nous avons à être sel et lumière pour réveiller l’espérance qui se meurt. Là où l’image de Dieu est défigurée et Dieu menacé en l’homme, nous n’avons pas d’autre choix que d’être, à notre tour, sel et lumière pour nos frères en humanité.

Nos églises, nos assemblées, nous semblent parfois plutôt modestes et en même temps, notre Église est exposée aux regards... Trop connue. Méconnue. Inconnue. Telle est l'Église. Tels sont les chrétiens en tant que chrétiens. Et lorsque Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde, il ne nous invite pas à être prétentieux. II nous confie une mission   et une mission très exigeante. II nous invite à être, le sel de la terre et la lumière du monde non par nos qualités exceptionnelles mais par notre témoignage quotidien. Un témoignage fidèle qui est une œuvre commune, que nous construisons "ensemble."

Dieu notre Père, tu as envoyé dans notre monde ton Fils afin qu’il soit la lumière de nos pas et la joie de notre vie. Nous t’en prions : donne-nous de si bien accueillir sa parole et sa présence que nous devenions nous-mêmes lumière pour tous ceux et celles qui nous entourent. Nous te le demandons par ce même Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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21 janvier 2023 6 21 /01 /janvier /2023 19:14

Is 8,23-9,3 ; Ps 26; 1 Cor 1,10-13,17 ; Mt 4,12-23

En ce troisième dimanche ordinaire, nous célébrons le dimanche de la Parole de Dieu. Chaque année depuis 2019, le 3ème dimanche du Temps Ordinaire est pour l'Église catholique la célébration du Dimanche de la Parole de Dieu. Cette année, il est célébré ce dimanche 22 janvier 2023. Jean Baptiste, le précurseur, a été arrêté : sa mission a pris fin. Place à la mission de Jésus : à son baptême, il a été investi par le Père et l’Esprit pour cette mission, qui commence aujourd’hui, en Galilée. Car Jésus va réaliser ce qu’annonçait l’oracle du prophète Isaïe (1ère lecture), la Bonne Nouvelle du Royaume est destinée à cette Galilée, « carrefour des païens », symbole des nations, Jésus appelle déjà ses quatre premiers disciples à travailler avec lui à l’annonce de ce règne. Et l’Apôtre Paul suppliera les premiers chrétiens de ne pas se diviser (2ème lecture) car ce serait porter un contre-témoignage à l’Evangile.

Dimanche dernier, le livre d’Isaïe annonçait déjà que le Serviteur deviendrait la lumière des nations. Aujourd’hui il est confirmé que “le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.” Isaïe annonce aux malheureux Galiléens, déportés en Assyrie, que leur épreuve touche à sa fin : la lumière de leur délivrance brille déjà comme une grande clarté au milieu des ténèbres de leur captivité.

Dans la jeune communauté de Corinthe, des factions rivales s’affrontent et s’opposent, risquant de compromettre la paix et l’unité. Saint Paul réagit contre ce danger par un paternel et pressant appel. Il prend position au sujet des divisions qui agitent la communauté de Corinthe. Il voit dans cette discorde un grand danger pour l’annonce de l’Evangile. Il dénonce cette division entre disciples de Jésus. II parle de «disputes». Aujourd'hui il nous serait difficile de faire le partage entre ce qui est différences, divergences, affrontements utiles, suspicions illégitimes, querelles vaines, oppositions sectaires... Au cours de la célébration de la semaine de Prière pour l'Unité, nous savons bien que nous avons toute cette panoplie. Mais pour l'honneur du Christ et pour le rayonnement de son message, nous devons tout faire pour nous accepter différents et nous vouloir complémentaires. Même s'il faut bousculer nos habitudes ! Ne pas le dire, mais le faire !

Avec l’Évangile que nous propose la liturgie de ce jour, une page de l’Écriture se tourne : la lecture des évangiles de l’enfance de Jésus prend fin. Une page nouvelle commence à s’écrire. Jésus inaugure sa vie publique. La voix de Jean Baptiste s’est définitivement tue, et d’une certaine manière, quittant le silence de Nazareth, Jésus prend le relais. C’est la fin de l’ère des prophètes, et le début de la mission du Fils de Dieu. «Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche ! » Jésus ne quitte pas seulement le silence de Nazareth, il quitte Nazareth pour un ailleurs, et Capharnaüm devient sa ville, le point d’attache d’où il va rayonner dans toute la Galilée. Choisir la Galilée, ce « carrefour des païens », cette terre de pauvreté et de luttes incessantes, cette terre d’invasion dont le peuple qui marchait dans les ténèbres finit par voir se lever une lumière, c’est une manière de nous dire avec force, et encore aujourd’hui, que la Bonne Nouvelle est pour tous, pour tous les peuples et pour toutes les nations.

«Convertissez-vous ! » L’invitation est forte. Aussi forte et aussi puissante que l’appel entendu par les pécheurs sur les bords du lac. Encore aujourd’hui, se convertir c’est accepter de se laisser regarder par le Christ et oser se mettre en route avec lui. Vers quelle Galilée des temps modernes irons-nous pour, avec le Christ, être témoins par toute notre vie de la Bonne Nouvelle du Royaume. Se convertir, c'est suivre Jésus Christ, c'est paraître devant Lui avec toutes nos maladies, toutes nos lèpres, tous nos tourments, tous nos démons, toutes nos paralysies pour qu'Il les guérisse. Se convertir, c'est avoir soif de guérison.  C'est cette soif de guérison qui nous rend tolérants et bienveillants pour ceux qui ne souffrent pas du même mal que nous.  C'est cette soif de guérison qui guérit de l'esprit de parti, cet esprit malsain qui divise le corps du Christ en clans rivaux et jaloux, comme si un aveugle valait mieux qu'un boiteux!

En ce dimanche nous célébrons le troisième "Dimanche de la Parole de Dieu", institué par le pape François en septembre 2019. Désormais, chaque 3ème dimanche du temps ordinaire sera consacré à "la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu." Par un motu proprio publié le 30 septembre 2019, intitulé “Aperuit Illis”, le Pape souligne toute la richesse et le caractère vivant du texte sacré. Il encourage les croyants à une plus grande familiarité à son égard, afin de «vivre en profondeur notre relation avec Dieu et avec nos frères».

La Bible est un trésor, elle est une Parole vivante, qui se trouve au cœur de nos vies (pendant les sacrements, dans la vie quotidienne...). De plus, le Dimanche de la Parole de Dieu s'inscrit dans la continuité de la Semaine pour l'Unité des Chrétiens : "Ce dimanche de la Parole de Dieu viendra ainsi se situer à un moment opportun de cette période de l’année, où nous sommes invités à renforcer les liens avec la communauté juive et à prier pour l’unité des chrétiens. Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence temporelle : célébrer le Dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique, parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide."

 

Seigneur, ton Fils Jésus est venu dans notre monde en ton nom. A tous ceux qui ont du mal à trouver un sens à leur vie, il propose un chemin de lumière. Il appelle chacun et chacune d’entre nous par son nom. Donne-nous d’entendre sa voix pour que nos vies deviennent signes de ton Royaume, par Jésus, le Christ, notre Seigneur et notre Dieu, qui est vivant avec toi et le Saint Esprit maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !

 

Père Bernard Dourwe, Rcj.

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